Chassez le naturel, il revient au galop ! Les dangereuses querelles de chapelle réveillent les démons. Crise de légitimité, crise financière, crise de représentativité, le parti du Front de libération nationale est rongé par de graves divisions. Le plus vieux parti traverse une période sombre de son histoire. Après une brève accalmie ponctuée par le renouvellement des instances dirigeantes, les vieux démons semblent se réveiller au sein du parti du Front de libération national (FLN). La stabilité est loin d’être l’apanage de cette formation qui ressemble de plus en plus à un capharnaüm où tout le monde est contre chacun. L’approche du scrutin électoral du 12 juin semble remettre au goût du jour la contestation interne qui ne fait qu’envenimer la situation déjà assez complexe et délétère. Au sein du parti, la colère couve au rythme de manœuvres, d’intrigues et de lutte d’intérêt au point que le Secrétaire général du parti du FLN, Abou El Fadhl Baadj, est sur la sellette. Une colère inversement proportionnelle à la durée qui le sépare du rendez-vous électoral. Les militants du parti sont sur des charbons ardents. En effet, après une brève accalmie ponctuée par l’incarcération de ses deux anciens secrétaires généraux (Djamel Ould Abbès et Mohamed Djemaï) et plusieurs députés, un autre SG en fuite au Maroc (Ammar Saâdani), un autre scandale vient s’inscrire sur les tablettes de l’ex parti unique.
Une affaire de service militaire
Une Berezina qui risque d’emporter l’actuel Secrétaire général, Abou El Fadhl Baâdj. Ecarté de la course aux législatives, pour une affaire de service militaire, par l’Autorité indépendante des élections, Abou El Fadel Baâdji fait désormais face à une fronde menée par plusieurs membres du comité central, instance souveraine entre deux congrès. La fronde ne date pas d’aujourd’hui. Un mouvement de redressement pour dégommer Abou El Fadhl Baâdj a été initié il y a quelques temps. Des membres du comité central du FLN auraient lancé une opération de collecte de signatures pour destituer l’actuel Secrétaire général du parti d’autant que la situation au sein du bureau politique a atteint un état de non-retour. Une situation aggravée par le boycott des réunions du bureau à l’ombre des divergences entre certains membres du dit-bureau et Abou El Fadhl Baadj. D’ailleurs, le mandat de l’actuelle direction du parti a expiré en mai 2020 avant d’être prorogé de six mois par le comité central pour préparer le congrès du parti en novembre 2020. Point de congrès. Et les statuts sont clairs : il n’est permis de la prolonger que de six mois, comme le précise l’article 29. En outre, les « frondeurs » n’ont toujours pas digéré la tenue par l’actuelle direction d’une session extraordinaire de son comité centrale, en mai dernier, alors que l’interdiction des réunions publiques et des rassemblements en raison du risque de propagation de la Covid-19, était toujours en vigueur. L’autre irrégularité reprochée à Abou El Fadhl Baadj est d’être passé outre les décisions du parti en n’installant pas le comité préparatoire du 11e congrès du parti.
En porte-à- faux avec la loi
Ce qui place le FLN en porte-à-faux avec la loi en vigueur. En effet, d’un point de vue juridique, l’actuelle direction n’est plus légitime depuis longtemps. Une fronde ravivée par le rejet de son dossier de candidature de Abou El Fadel Baâdji et de plusieurs listes de candidatures du parti par les délégations locales de l’ Anie». Devant cet état de fait, un groupe de dissidents composé de membres du comité central se sont réunis, la vielle de l’Aid à Blida. Dans un communiqué sanctionnant cette rencontre, signé par une trentaine de membres du comité central, il est reproché à l’actuel Secrétaire général sa gestion «unilatérale» et «autoritaire» du parti. Comme, ils lui reprochent «d’avoir exclu le comité central, l’instance suprême entre les deux congrès, des préparatifs des législatives». Dès lors on prédit des résultats catastrophiques du FLN lors de la prochaine consultation populaire. A ce rythme, l’ex-parti unique, qui vieillit très mal, risque de laisser pendre ses faits de gloire durant la guerre de libération comme des médailles poussiéreuses sur la poitrine d’un vétéran amoindri. Et dire qu’au fin fond du pays, dans les villages les plus reculés du grand Sahara, on peut ne pas trouver de bureau de poste ou de mairie, mais on trouvera toujours une école, de l’électricité… et une annexe locale du FLN.
Badis B.