Trois ministres au chevet de Salah Aougrout, alias Achour Acher. Atteint d’une tumeur au cerveau, l’humoriste, acteur, scénariste et animateur de télévision et de radio Salah Aougrout sera pris en charge par les pouvoirs, selon Abderrahmane Benbouzid, ministre de la santé, de la Population et de la réforme hospitalière. Auparavant, la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda avait donné des instructions pour la prise en charge immédiate de l’état de santé de l’artiste. De son côté, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, El-Hachemi Djaaboub, a assuré, dans un communiqué, la famille du patient et tous ses fans que si l’état de santé de l’artiste exige qu’il soit transféré à l’étranger pour un traitement, il s’en occupera « personnellement » Noble geste ! Néanmoins, El-Hachemi Djâaboub a omis de préciser si « c’est à ses frais personnelles ou au frais de la princesse». Tout est dans le diagnostic. Le système de santé publique n’est plus en mesure de fournir des prestations à la hauteur des exigences des populations. La crise sanitaire qui sévit depuis plus de dix mois en Algérie a précipité le secteur de la santé dans l’incertitude la plus totale. Un secteur en situation de précarité avant même l’apparition de la pandémie. En raison de la corruption, du manque de moyens, des inégalités…, le système de santé pourtant gratuit « laisse à désirer » au point de concentrer tous les problèmes du pays.
Les soins sont gratuits mais…
Conséquences, les hôpitaux manquent d’équipements et de médicaments, malgré l’investissement public. Sous-payés, malmenés et surtout en manque de médicaments et d’équipements, la situation du personnel médical et paramédical est loin d’avoir bonne mine. Et dire qu’en cette situation pandémique, leur vie ne tient qu’à fil. Certes, les soins sont gratuits mais le manque de moyens dans les hôpitaux provoque des inégalités au point que les plus nantis préfèrent aller se soigner ailleurs. Tandis que les plus vulnérables s’entassent dans les lits d’hôpitaux « infectés » en dépit des milliards injectés par l’Etat dans le système de santé, mais une partie de cet argent disparaît dans la nature ou dans l’achat de matériel de mauvaise qualité à des prix exorbitants. Conséquence, ils sont de plus en plus nombreux les praticiens à choisir l’exode. « Le système de santé publique n’est plus en mesure de fournir des prestations à la hauteur des exigences des populations », constatait sobrement le Dr Mohamed BekkatBerkani, président du Conseil national de l’ordre des médecins. Pourtant, les indicateurs liés au système de santé reflètent à première vue un réel progrès dans la qualité de la prise en charge du malade. En théorie ! Car la réalité est à ce point calamiteuse par endroits qu’on entend souvent les Algériens qualifier leurs hôpitaux de « mouroirs ». Devant cet état de fait, inutile de tenter de ramener au bercail ceux qui sont partis. Mieux vaut plutôt retenir ceux qui sont restés en leurs offrants les meilleures conditions pour dispenser des soins de qualité. Cependant, le malaise du secteur public est en fait un « évacuateur » des patients vers les cliniques privées qui se sont multipliées ces dernières années. Pour une transfusion sanguine, une clinique privée peut, en toute conscience, retenir le patient en observation pendant 24 à 48 heures au prix…exorbitant. Comme partout dans le monde, la santé est un business qui peut rapporter gros. Malheureusement en Algérie, beaucoup ne sont pas très regardants quant au respect de la déontologie en matière d’honoraires et du temps consacré au patient.
«Nous sommes tenus de dire des vérités»
Le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné l’ouverture du dialogue avec les partenaires sociaux. « Un acquis très important » dans le contexte que traverse le pays, estime Rachid Belhadj, Président du syndicat des professeurs et chercheurs universitaires.
Invité, hier, de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio Algérienne celui précise qu’actuellement le dialogue est seul et unique instrument pour la résolution de tous les conflits. « Pour nous le dialogique n’a jamais été interrompu. Nous avons été toujours reçus par le ministère de la santé ou celui de l’enseignement supérieur», a indiqué Rachid Belhadj.
«Nous sommes dans l’obligation de trouver des solutions pour l’intérêt de notre système sanitaire» dit-il en soulignant que vu la situation actuelle « nous sommes tenus de dire des vérités pour essayer de sortir d’une crise».
Parmi les changements que propose l’invité, la création d’un statut particulier de la fonction publique hospitalière, revoir la gestion de la ressource humaine en matière de formation, de progression et même d’évaluation.
Il a estimé aussi qu’il faut revoir le système indemnitaire et payer les gens qui travaillent et qui produisent. « Malheureusement actuellement les vrais bosseurs sont rémunérés de la même manière avec ceux qui ne travaillent pas » regrette-t-il.
Le Pr Rachid Belhadj précise qu’il ya également le dossier de la mutualisation, mais aussi de la centralisation qu’il faut rectifier. « Nous avons même proposé une agence de régulation hospitalière. L’état doit revoir le fonctionnement de ces centre hospitalo-universitaires » ajoute-t-il
Pour lui, le secteur de la santé doit être aidé. « On ne peut pas avancer sans les autres secteurs tels que les finances et la fonction publique pour essayer de trouver des solutions réelles afin de mettre un terme à des effets néfastes pour notre système de santé », conclut-il.
?Badis B.