L’Algérie veut réformer son système de santé. Le processus qui a été relancé en 2020 peine à avancer. Le 2 mai, le président Abdelmadjid Tebboune a demandé au gouvernement de fixer un échéancier pour la réforme hospitalière, réviser l’organisation des urgences et du reste des services hospitaliers.
Pour mener à bien cette réforme, le président du Conseil national de l’ordre des médecins, le Dr Mohamed Bekkat Berkani livre sa vision et fait des propositions.
« Il faut lever les contraintes. Il ne s’agit pas seulement d’installer des commissions qui n’aboutissent à rien du tout », a lancé hier le Dr Bekkat Berkani, invité de la rédaction de la Chaîne III de la Radio nationale. « Il faut une réorganisation de la santé publique dans notre pays. Qui ne peut se faire que par un arrêt sur image pour voir quelles sont les possibilités de notre pays, comment avons-nous pu échouer dans certaines situations alors que nous avons réussi dans d’autres », a-t-il ajouté, tout en conditionnant cette démarche par l’implication effective des acteurs de la santé.
« Cela ne peut se faire que par les efforts des hommes et des femmes qui font la santé, les médecins, les personnels de santé publique (infirmiers, les sages-femmes, etc.) », a développé Bekkat Berkani qui considère que le dialogue est essentiel pour remédier à certaines situations qui cristallisent les colères des acteurs de la santé.
Il y a des problèmes socioprofessionnels
« Nous sommes heureux que le Président de la République ait donné des directives pour initier des dialogues entre la tutelle et les personnels de la santé. (Le dialogue) permet de lever immédiatement nombre de contraintes, et d’éviter des incompréhensions entre l’administration et les syndicats afin de trouver des solutions à court, moyen et à long terme », a appuyé le président du Conseil de l’ordre des médecins.
« Les syndicats de la santé qui ont été reçus par le ministre du secteur ont posé leurs problèmes socioprofessionnels. Il faut discuter, trouver des solutions à ce qui peut être solutionné immédiatement. Il y a des problèmes socioprofessionnels qui trainent depuis des années, les syndicats de la santé sont actuellement demandeurs et il n’est pas question de les laisser dans cette situation », a plaidé le Dr Bekkat Berkani.
Le président du Conseil de l’ordre des médecins a fait remarquer que les départs massifs de jeunes médecins algériens vers l’étranger traduisaient cette absence de solutions aux problèmes posés.
« C’est une situation à laquelle il faut absolument remédier en redonnant espoir à nos jeunes médecins pour qu’ils exercent dans leur pays convenablement », exhorte le président du Conseil de l’ordre des médecins.
La réforme hospitalière projetée est une « entreprise de longue haleine » et ce qui a été fait depuis 20 ans n’ont été que « des petites réformettes », enchaîne le Dr Bekkat Berkani qui appelle à s’engager « sur le fond » dans le traitement des problèmes.
« Nous sommes un nombre suffisant de médecins pour l’Algérie. Il faut demander aux médecins comment voient-ils l’applicabilité de toutes les méthodes sur le terrain », a-t-il exhorté, en citant à titre d’exemples le problème du service civil « qui est décrié par tout le monde », la répartition équitable du nombre de médecins sur le territoire national en particulier dans les zones d’ombre et de quelle manière faire bénéficier toute notre population d’une prise en charge préventive et curative.
Le Conseil de l’ordre, a rappelé Dr Bekkat Berkani, a participé à la réflexion lancée par le ministre délégué à la réforme hospitalière le Pr Smail Mesbah « pour rendre plus efficients des principes novateurs » notamment l’accès aux soins pour tous, en tenant compte y compris de l’aspect de la prévention contre les maladies transmissibles et les maladies chroniques.
« Cette épidémie (la Covid) nous a donné une leçon. A savoir que la santé doit être au centre des préoccupations des pouvoirs politiques. Aujourd’hui, la prévention est le maître-mot. La prévention médicale contre toutes les maladies émergentes et réémergentes, contre les maladies chroniques aussi comme le cancer », a expliqué le Dr Bekkat Berkani. La réforme de la santé passe aussi, selon lui, par une indépendance en matière de médicaments.
K.N.