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jeudi 21 novembre 2024

L’Union européenne signe la fin des moteurs thermiques en 2035

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On achève bien les chevaux. En dépit de son cavalier seul sur cette mutation radicale qu’elle s’impose, l’UE a fait mardi un grand pas vers la fin des véhicules essence et diesel, confondant les dernières générations rendues très propres avec les précédentes fortement émettrices de polluants. Les eurodéputés ont mis toutes les voitures thermiques dans le même sac et approuvé la fin des ventes de ces modèles neufs à compter de 2035. Non contente de cette chasse aux sorcières, Bruxelles a ensuite présenté ses prochains objectifs pour les bus et camions.

« Nous sommes arrivés à un accord historique, qui réconcilie l’automobile et le climat, deux frères ennemis », s’est réjouie l’eurodéputée écologiste Karima Delli, présidente de la commission Transports au Parlement européen. Les eurodéputés ont largement adopté, à 340 voix pour, 279 voix contre et 21 abstentions, la nouvelle réglementation prévoyant de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures et camionnettes neuves en Europe à partir de 2035. Cela revient à l’arrêt de facto des ventes de voitures et véhicules utilitaires légers neufs à essence et diesel dans l’UE à cette date, ainsi que des hybrides (essence-électrique), au profit de véhicules 100 % électriques.

Proposé par la Commission européenne en juillet 2021, le texte avait fait l’objet d’un accord en octobre dernier entre les États membres et les négociateurs du Parlement européen après d’âpres négociations. C’est cet accord qui a été approuvé mardi par les eurodéputés, et le Conseil (organe représentant les États) doit encore formellement donner son feu vert pour que le texte entre en vigueur. Ce qui ne semble plus faire de doute. Alors que l’automobile, premier mode de déplacement des Européens, représente un peu moins de 15 % des émissions de CO2 du continent, la nouvelle réglementation doit permettre à l’UE d’atteindre ses objectifs climatiques : réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990 et neutralité carbone à l’horizon 2050.

Mais le vote a également fait grincer des dents. Le PPE (droite), principale formation politique au Parlement, défendait une réduction des émissions des voitures neuves en 2030 de 90 % plutôt que 100 %, craignant une trop forte déstabilisation de la filière automobile, forte d’environ 13 millions d’emplois en Europe.

La gauche radicale (The Left) s’alarme, elle, d’un texte rendant l’Europe « dépendante des composants de batterie de Chine et d’Afrique », selon les mots de la communiste tchèque Katerina Konecna.

Au tour des camions

Hasard du calendrier, peu après le vote du Parlement sur les voitures et camionnettes, la Commission européenne dévoilait mardi ses propositions pour encadrer les véhicules lourds (camions, autobus…), qui génèrent 6 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’UE.

Pour les poids lourds vendus à partir de 2030, les émissions devraient être réduites d’au moins 45 % « en moyenne » par rapport aux niveaux de 2019, puis sabrées de 65 % à partir de 2035, et de 90 % à partir de 2040, selon ce texte qui sera négocié entre États et eurodéputés. Des exemptions sont prévues pour certains véhicules (pompiers, police, armée, ambulances…). Bruxelles souhaite par ailleurs que tous les nouveaux bus mis en service dans les villes européennes à partir de 2030 soient « zéro émission ».

« Pour atteindre nos objectifs climatiques, toutes les parties du secteur des transports doivent contribuer activement », de sorte qu’en 2050, « la quasi-totalité des véhicules circulant sur nos routes soient zéro émission », a souligné Frans Timmermans, vice-président de la Commission. « Nos industriels s’y préparent », a-t-il assuré. Selon lui, les poids lourds, qui marchent actuellement au diesel ou à l’essence, pourront fonctionner à l’hydrogène, via des piles à combustible ou des moteurs à combustion modifiés, mais aussi à l’électricité. Un avis purement théorique qui fait abstraction du coût exorbitant de ces technologies et des problèmes logistiques liés à la distribution de l’hydrogène. Le constructeur allemand Daimler et son concurrent Volvo prévoient production en série de piles à hydrogène pour poids lourds dès 2025 et, longtemps inimaginables, les camions électriques « commencent à arriver », a souligné M. Timmermans.

Mais il a aussi reconnu qu’il s’agissait d’une véritable « révolution industrielle » pour le secteur, relevant le « défi redoutable » que représentait la production d’électricité ou d’hydrogène « verts » pour alimenter cette flotte de poids lourds propres.

L’objectif 2030 « signifie qu’il faudra plus de 400 000 camions zéro émission sur les routes, avec 50 000 points de chargement publics adaptés aux camions opérationnels d’ici sept ans […] sans compter quelque 700 stations de recharge d’hydrogène », estime l’Association des constructeurs européens automobiles (ACEA).

Ces infrastructures spécifiques des camions « faisant presque totalement défaut aujourd’hui, le défi à relever est énorme », insiste-t-elle.

L’ONG écologiste Transport & Environment, elle, regrette que Bruxelles ne fixe pas de date pour interdire complètement la vente de camions à moteur thermique, prévenant que ces derniers seront encore nombreux à rouler en 2050 et déplorant « une concession déraisonnable faite aux constructeurs ».

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