À l’occasion de son passage dans l’émission « L’invité du matin » de la Chaîne I, lundi 19 mai, le professeur Ali Choukri, directeur général de l’enseignement et de la formation au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a levé le voile sur une série de réformes ambitieuses visant à transformer l’université algérienne en véritable moteur de développement économique et de modernisation numérique.
Une vision présidentielle pour une université au service de l’économie
S’appuyant sur le message du Président de la République à l’occasion de la Journée nationale de l’étudiant, le Pr Choukri a rappelé la place centrale accordée à l’université dans le projet de développement national. « L’université est appelée à devenir une locomotive de l’économie nationale et locale », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité d’aligner la formation universitaire sur les besoins réels du marché de l’emploi.
Un écosystème entrepreneurial en pleine expansion
Pour concrétiser cette vision, le ministère a mis en place un vaste écosystème entrepreneurial et d’innovation au sein des établissements d’enseignement supérieur. À ce jour, 124 incubateurs, 117 centres de développement de l’entrepreneuriat, 99 centres de soutien technologique et d’innovation, ainsi que 51 startups ont vu le jour à travers le pays.
À cela s’ajoutent 1 175 projets innovants et 1 200 projets de micro-entreprises financés. Le professeur Choukri affirme que ces dispositifs visent à former une génération d’étudiants créateurs de richesse, en intégrant la culture entrepreneuriale dans le parcours académique.
L’université de demain : intelligente et connectée
Le virage numérique constitue un autre pilier de cette réforme. Le secteur compte désormais 69 plateformes numériques couvrant la pédagogie, la gouvernance et les services universitaires.
De plus, 24 établissements universitaires et grandes écoles ont déjà migré vers le système de l’université de quatrième génération, fondé sur une interconnexion via la plateforme nationale Progress, qui centralise les données et la gestion numérique.
« Nous préparons des formations communes avec des établissements étrangers, notamment dans les filières technologiques, dans le cadre de cette université connectée », a précisé Choukri.
Réforme des programmes et généralisation de l’enseignement à distance
Parmi les nouveautés majeures, l’intégration de modules innovants dans les cursus : intelligence artificielle, programmation, ingénierie inverse, logiciels libres, et entrepreneuriat feront désormais partie intégrante de la formation universitaire.
Le ministère prévoit également une généralisation de l’enseignement à distance, notamment pour les travaux pratiques. À partir de la rentrée 2025-2026, les étudiants pourront effectuer certaines activités pratiques en ligne, un dispositif qui pourrait atténuer le phénomène de l’encombrement dans les universités.
Réforme du doctorat : un modèle collaboratif
Autre changement d’envergure : la réforme du troisième cycle, avec l’introduction du « mégagroupe doctoral ». Il s’agit d’un cadre de coopération regroupant plusieurs universités, écoles supérieures et centres de recherche pour une formation doctorale coordonnée et mieux connectée aux secteurs socio-économiques.
En perspective de la rentrée universitaire 2025-2026, le ministère prépare une nouvelle circulaire d’orientation pour les bacheliers, qui inclura plusieurs nouvelles spécialités, notamment pour les filières littéraires, les masters et les formations d’ingénieur.
Le secteur prévoit par ailleurs l’élargissement du réseau des écoles normales supérieures, afin de répondre à la demande croissante en matière de formation d’enseignants pour les trois cycles de l’éducation.
Un cap résolument tourné vers l’avenir
En conclusion, le Pr Choukri a souligné que le secteur de l’enseignement supérieur est pleinement engagé dans une dynamique de transformation profonde, alliant excellence académique, innovation, et adaptation aux réalités économiques du pays.
« Nous construisons une université moderne, agile, ouverte sur le monde et sur son environnement économique et social », a-t-il conclu.
L.R.