À l’occasion de la 7e Foire des produits algériens, Alger mise sur Nouakchott comme tremplin stratégique vers l’Afrique de l’Ouest. Près de 200 opérateurs économiques algériens participent à cet événement majeur, reflet d’une ambition claire : faire de la Mauritanie une tête de pont vers un marché régional de 500 millions de consommateurs.
À Nouakchott, la capitale mauritanienne, l’Algérie déploie ses atouts économiques lors de la 7e édition de la Foire des produits algériens, qui s’ouvre ce jeudi 22 mai et se poursuivra jusqu’au 28. L’événement, véritable vitrine du savoir-faire national, réunit quelque 200 exposants issus de secteurs aussi divers que l’industrie, l’agroalimentaire, la pharmacie ou encore les énergies renouvelables.
Une ambition régionale assumée
Intervenant ce mercredi sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio algérienne, le directeur général par intérim du Commerce extérieur, Samir Derradji, a affirmé que cette manifestation s’inscrit dans une dynamique d’expansion stratégique. « La Mauritanie est bien plus qu’un simple partenaire commercial : elle constitue un point d’accès essentiel vers l’ensemble du marché ouest-africain, fort de 500 millions de consommateurs », a-t-il souligné.
Si le marché mauritanien lui-même ne compte que 4 millions d’habitants, c’est sa dimension géostratégique qui attire l’attention des opérateurs algériens, de plus en plus nombreux à s’intéresser à cette destination. « Chaque année, nous observons un engouement croissant au sein du tissu économique national », a précisé M. Derradji.
Les startups en première ligne
Nouvelle donne de cette édition : la présence remarquée de startups et de PME, ainsi que de représentants de secteurs émergents tels que l’agriculture, la pêche, le tourisme, l’artisanat ou encore l’industrie du cuir et du textile. Cette diversification des profils témoigne d’une volonté claire de mettre en lumière l’ensemble de l’écosystème productif algérien, au-delà des grandes industries traditionnelles.
Les exposants auront également la possibilité de réaliser des ventes directes sur place. Mais pour les autorités algériennes, l’enjeu dépasse largement les transactions ponctuelles. Il s’agit d’ancrer durablement les produits algériens dans les circuits économiques de la région.
Infrastructure, logistique et finance : cap sur l’efficacité
Pour soutenir cette ambition, Alger mise sur une batterie d’initiatives structurantes. À commencer par le renforcement des infrastructures : la route reliant Tindouf à Zouerate, ainsi que la zone franche bilatérale, sont désormais dédiées aux échanges commerciaux entre les deux pays.
Le défi logistique, lui, reste d’actualité. « Il subsiste des difficultés pour le transport routier, mais des solutions se dessinent », a indiqué M. Derradji, évoquant notamment le développement du transport maritime et l’acquisition à venir d’avions cargos. Un chantier de longue haleine, reconnaît-il, mais qui avance régulièrement.
Autre levier important : l’installation récente d’une banque algérienne à Nouakchott, chargée d’accompagner les flux financiers liés aux exportations. « Les débuts sont certes laborieux, mais la dynamique est lancée », s’est-il voulu rassurant.
Un Conseil d’affaires pour sceller des partenariats
La Foire servira également de cadre à la réunion du Conseil d’affaires algéro-mauritanien, instance cruciale pour renforcer la coopération bilatérale. Des rencontres B2B sont prévues, avec en perspective la signature de plusieurs accords commerciaux.
Dans le même élan, M. Derradji a évoqué l’intention de conclure un accord préférentiel entre les deux pays, soulignant que les discussions pourraient connaître une avancée significative à l’occasion de cette édition.
Faire de l’export un réflexe national
En toile de fond, le gouvernement poursuit ses efforts pour transformer la culture économique nationale. « L’acte d’exporter est un acte de patriotisme », a rappelé M. Derradji, dénonçant une mentalité encore trop marquée par la dépendance à l’importation.
Afin d’accompagner les opérateurs, des mesures incitatives sont mises en œuvre, dont le renforcement du Fonds de soutien pour les exportateurs (FSPE), qui sera prochainement abondé. Parallèlement, un groupe de travail réunissant les 100 principaux exportateurs algériens a été constitué pour identifier les freins opérationnels et y remédier.
À travers cette foire, c’est une Algérie ambitieuse, tournée vers l’Afrique, qui s’expose à Nouakchott. Une Algérie décidée à passer du discours à l’action, dans une quête de souveraineté économique et d’intégration régionale. Car au-delà des stands et des contrats, c’est bien d’un changement de paradigme qu’il s’agit : faire de l’exportation non pas une exception, mais la norme.
L.R.



