Une dynamique nationale pour reverdir le pays et renforcer la résilience climatique
L’Algérie semble amorcer un tournant écologique majeur. La campagne nationale de reboisement lancée en 2025 a non seulement atteint, mais dépassé les objectifs fixés, avec la plantation de plus de 1,39 million d’arbres à travers les 58 wilayas du pays.
L’annonce a été faite par le directeur général des forêts, Djamel Touahria, invité de l’émission « invité du matin » sur la Radio nationale, ce dimanche. Il a salué une mobilisation « exemplaire » des citoyens, des associations et des collectivités locales, soulignant que ce succès illustre « un nouvel élan collectif pour un avenir écologique durable ».
Une campagne citoyenne et scientifique
Lancée conjointement par le ministère de l’Agriculture et l’association « Algérie Verte », l’opération a suscité une adhésion populaire sans précédent. Dans plusieurs régions, des familles entières, des écoles et des associations écologiques ont participé aux actions de plantation, accompagnées par les services techniques des forêts.
Cette campagne nationale a coïncidé avec le Journée nationale de l’arbre, marquant le coup d’envoi officiel de la saison de reboisement 2025–2026, qui s’étend jusqu’au 21 mars, date du Journée mondiale de l’arbre.
L’objectif, selon Touahria, n’est pas seulement de planter des arbres, mais de réhabiliter les zones sinistrées par les incendies des années précédentes, de lutter contre la désertification et de restaurer la biodiversité.
Des essences locales adaptées au climat
Les techniciens des forêts et de l’ingénierie rurale ont soigneusement sélectionné les espèces les plus résistantes à la sécheresse et au changement climatique, comme l’olivier, le caroubier et le pistachier de l’Atlas. Ces arbres, en plus de leur valeur écologique, présentent un intérêt économique pour les populations rurales, offrant de futures sources de revenus grâce à leurs fruits, résines ou bois.
Les plantations ont été réalisées selon des protocoles techniques rigoureux : études pédoclimatiques, creusage préalable des sols, contrôle de la qualité des plants issus de pépinières nationales appartenant à la Direction générale des forêts et à la Société nationale d’ingénierie rurale.
Cette approche scientifique marque une rupture avec les anciennes campagnes ponctuelles et peu suivies, souvent critiquées pour leur manque d’efficacité.
Le grand retour du Barrage Vert
Symbole des grandes politiques environnementales de l’Algérie post-indépendance, le Barrage Vert fait l’objet d’un programme de relance à long terme, lancé en 2023 et courant jusqu’en 2030.
Ce projet vise à reconstituer un vaste cordon boisé anti-désertification s’étendant d’est en ouest sur plus de 1 000 kilomètres, entre les Hauts Plateaux et le Sahara.
Selon Touahria, 26 000 hectares ont déjà été replantés, avec un taux de réussite supérieur à 98 %, grâce à l’intervention d’entreprises spécialisées et au suivi rigoureux d’un bureau d’études national.
Les espèces choisies sont résistantes à la chaleur et au stress hydrique, capables de freiner l’avancée des sables et de stabiliser les sols dans les zones les plus vulnérables au changement climatique.
Des incendies en nette régression
Autre indicateur encourageant : la saison des feux de forêts 2025 a été la moins destructrice depuis plus d’une décennie.
Les surfaces incendiées ont chuté à 4 090 hectares, contre plus de 40 000 hectares en moyenne annuelle entre 2020 et 2023. Le nombre total de sinistres a également reculé de plus de 85 %, avec 880 feux recensés sur tout le territoire.
Ce progrès spectaculaire résulte de la modernisation du dispositif de prévention et de lutte : déploiement de drones de surveillance, utilisation de systèmes d’alerte précoce, et renforcement des flottes d’avions bombardiers d’eau acquis récemment auprès de partenaires internationaux.
Ces efforts sont soutenus par une coordination intersectorielle entre les ministères de l’Agriculture, de l’Intérieur et de la Défense, ainsi qu’une formation accrue des brigades locales de la Protection civile.
Vers une souveraineté écologique
Pour les spécialistes, cette dynamique témoigne d’un changement profond de paradigme : l’Algérie, longtemps frappée par la désertification et les incendies récurrents, semble désormais vouloir bâtir une politique forestière intégrée et durable, articulée autour de la prévention, du reboisement ciblé et de la valorisation économique des forêts.
Selon un rapport de la FAO (2024), chaque hectare forestier bien géré peut absorber entre 8 et 15 tonnes de CO? par an. En dépassant le cap du million d’arbres plantés, l’Algérie contribue ainsi, à son échelle, à l’atténuation du réchauffement climatique et à la préservation de la biodiversité méditerranéenne, aujourd’hui l’une des plus menacées du bassin.
Un engagement collectif durable
Au-delà des chiffres, cette campagne nationale s’impose comme un signal fort de mobilisation citoyenne. Pour Djamel Touahria, « l’avenir écologique du pays ne dépend pas uniquement des institutions, mais de la conscience environnementale de chaque citoyen ».
Un message qui fait écho à la devise du programme :
« Planter un arbre, c’est protéger la vie. »
