Pour le professeur Idriss Atiya, spécialiste en sciences politiques et relations internationales, évoquer l’histoire nationale n’est pas seulement un exercice de mémoire : c’est rappeler un parcours construit avec détermination, qui a fondé l’Algérie moderne. Selon lui, « les États qui ne possèdent pas une mémoire unifiée et qui ne lisent pas leur passé avec conscience et clairvoyance ne peuvent espérer construire un avenir solide ni poursuivre leur développement ».
Invité mercredi sur l’émission « invité du matin » de la Première chaîne de radio, le professeur Atiya a souligné que les pays qui unifient leur vision de l’histoire sont seuls capables de progresser institutionnellement et socialement. Il s’est appuyé sur l’éditorial du dernier numéro de la Revue d’El Djeich, qui identifie trois piliers essentiels pour protéger la mémoire collective et relier passé, présent et futur.
Le premier pilier repose sur la sacralité de l’histoire algérienne et la référence au Manifeste du 1er novembre, fondement de l’État national. Le deuxième consiste en un rejet total de toute tentative de falsification de l’histoire ou de manipulation de la mémoire, même sous couvert de liberté d’expression. Le troisième pilier met l’accent sur l’unité nationale et la cohésion populaire, considérées comme la première et la dernière ligne de défense contre les tentatives de division ou de déstabilisation.
La conscience nationale, un gage de sécurité
Le professeur Atiya affirme que l’Algérie agit aujourd’hui comme un véritable « gilet de sécurité » face à ces défis, en encourageant un questionnement constructif et un discours médiatique qui préserve les acquis nationaux. Il souligne les résultats positifs obtenus, notamment dans la diversification de l’économie et la réduction de la dépendance au pétrole, renforçant ainsi la confiance des citoyens dans leur État et leur avenir.
Histoire et sécurité nationale
Pour Atiya, la mémoire nationale et l’histoire glorieuse de l’Algérie font partie intégrante de la sécurité nationale. L’histoire n’est plus seulement un récit du passé, mais un repère stratégique sur lequel l’État fonde ses décisions présentes et sa vision future. « Les États qui ne possèdent pas une mémoire commune et ne lisent pas leur passé avec lucidité ne peuvent ni durer ni se développer », affirme-t-il.
Mémoire collective et pérennité de la nation
La force et la résilience de la mémoire nationale constituent le socle de l’unité et de la pérennité de la nation. Dans un contexte de guerres hybrides, certaines campagnes visent à semer le doute sur les symboles de la révolution et sur les figures historiques, de l’émir Abdelkader au président Houari Boumédiène. Selon Atiya, les récits falsifiés et les manipulations sur les réseaux sociaux cherchent à modeler les perceptions, altérer la conscience collective et créer un fossé entre les générations. « Attaquer l’histoire, c’est attaquer l’État lui-même », avertit-il.
Une école algérienne pour façonner l’avenir
Le professeur insiste sur l’importance de bâtir une école algérienne capable de forger de nouvelles visions pour l’avenir, tout en restant fidèle aux principes du Manifeste du 1er novembre. Il appelle les élites à contrer le discours glorifiant la colonisation, qui connaît un regain en France, et dénonce les tentatives depuis 2019 de semer la discorde entre le peuple et les institutions à travers la manipulation de l’opinion publique.
Campagnes de falsification et moyens de riposte
Grâce à son expérience unique et à sa mémoire institutionnelle solide, l’Algérie a réussi à contrer les campagnes de désinformation visant ses valeurs et ses symboles nationaux. Cette mémoire repose sur la légitimité du combat mené par les résistants et les sacrifices des martyrs à toutes les étapes de l’histoire nationale. Selon Atiya, toute attaque contre l’histoire ne vise pas uniquement le passé, mais touche également le présent, l’avenir et les générations montantes.
K.N.
