Le 2? Congrès International des Sciences de l’Alimentation (CISA 2025) a ouvert ses portes hier à l’Institut de nutrition, de l’alimentation et des technologies agroalimentaires (INATAA) de l’Université Frères Mentouri – Constantine 1. Cette édition ambitionne non seulement de promouvoir une alimentation saine et durable mais aussi d’encourager l’innovation scientifique et de valoriser le patrimoine alimentaire tout en renforçant les liens entre la recherche académique et le secteur socio-économique.
S’exprimant au “ Quotidien de Constantine ” (QDC), le Pr. Halima Boughellout, présidente du CISA et directrice de l’INATAA, a souligné que ce rendez-vous scientifique s’inscrit dans la continuité des rencontres initiées depuis 2014. Selon elle, cette dynamique illustre l’évolution soutenue de la recherche nationale dans un domaine stratégique, les travaux présentés visant notamment à mieux comprendre l’impact de l’alimentation sur le bien-être, la prévention des maladies métaboliques et la promotion d’une santé durable.
Dans le même sillage, elle a relevé que la manifestation a réuni une large communauté de chercheurs, universitaires, experts et professionnels du secteur agroalimentaire mettant en lumière les enjeux actuels liés à l’alimentation, à la nutrition et à la santé publique, dans un contexte mondial marqué par des défis sanitaires, environnementaux et technologiques majeurs.
Quand nutrition, technologies et IA se rencontrent
Le Pr. Boughellout a indiqué qu’une attention particulière est accordée aux aliments fonctionnels, considérés comme des leviers essentiels d’innovation et de santé publique. Étant riches en composés bioactifs, ces produits répondent à des besoins nutritionnels ciblés et s’inscrivent, a-t-elle expliqué, dans une approche de nutrition préventive et personnalisée, fondée sur des données scientifiques probantes.
La responsable scientifique du congrès a mis en exergue le développement des emballages bioactifs et intelligents, un secteur en plein essor précisant que ces technologies contribuent à améliorer la conservation des aliments, à renforcer la sécurité sanitaire et à réduire l’impact environnemental.
Par ailleurs, elle a souligné l’intégration croissante de l’intelligence artificielle dans les sciences de l’alimentation, permettant d’optimiser la formulation des produits, d’améliorer les procédés de transformation et de renforcer la traçabilité, faisant de l’IA un levier stratégique pour des systèmes alimentaires plus durables.
Quatre axes pour transformer l’alimentation et la santé
Le programme scientifique de ce second congrès s’articule autour de quatre axes principaux, dont le premier aborde le lien entre alimentation et santé publique, en se concentrant sur les comportements alimentaires, la nutrition des populations spécifiques ainsi que la sécurité sanitaire des aliments. Quant au deuxième axe, il est dédié aux aliments fonctionnels et à leur impact sur la santé, en mettant un intérêt particulier sur les probiotiques, le microbiote intestinal et les compléments nutritionnels. Le troisième volet met en avant le développement de produits innovants, englobant les nouvelles technologies de transformation, la formulation alimentaire et les emballages intelligents tandis que le dernier axe explore l’intelligence artificielle appliquée aux sciences alimentaires illustrant l’intégration croissante des outils numériques dans la recherche et l’industrie agroalimentaire.
De son côté, le Pr. Doria Naila Bouchedja, présidente du comité d’organisation, a expliqué au QDC que chaque édition du congrès vise à introduire des améliorations continues. Dans ce cadre, des conférenciers de renom issus de plusieurs pays ont été conviés, notamment d’Algérie, de Belgique, d’Italie, d’Espagne, de Pologne, de Tunisie et du Burkina Faso.
Le congrès propose des conférences plénières, des communications orales, des sessions de posters scientifiques ainsi que des espaces d’exposition, favorisant l’échange d’expériences et l’émergence de collaborations innovantes.
Entre promesses et défis
Pour inaugurer la première session de conférences, le Pr. Karima Benmohamed de l’Université Constantine 1 a abordé le thème: “ Santé 4.0 : l’IA au cœur de la médecine de précision”, illustrant l’apport des technologies numériques dans le domaine de la santé. La spécialiste en endocrinologie?diabétologie, dans une déclaration au QDC, a mis en avant le potentiel de l’intelligence artificielle pour optimiser les diagnostics et personnaliser les traitements médicaux soulignant que l’IA permettait non seulement une analyse plus fine des données cliniques mais aussi l’élaboration de stratégies thérapeutiques adaptées à chaque patient, renforçant de la sorte l’efficacité des soins. Cette approche s’inscrit dans les initiatives contemporaines visant à améliorer la performance des systèmes de santé, notamment grâce à l’exploitation de grandes bases de données et de modèles prédictifs sophistiqués.
Toutefois, la conférencière a tenu à rappeler les limites et défis liés à l’usage de l’IA dans le domaine de la santé, évoquant notamment les enjeux éthiques liés à la protection des données, les contraintes réglementaires, les inégalités d’accès dues à la fracture numérique ainsi que les résistances au changement, tant chez les patients que chez les professionnels de la santé. À cela s’ajoutent, selon elle, le manque de données suffisantes, les biais algorithmiques et les craintes d’une possible déshumanisation de la médecine.
Placée sous le thème : “ Sustainability, Innovation and Health ” ( durabilité, innovation et santé ), cette édition du CISA 2025 s’est ainsi imposée comme un véritable carrefour de réflexion et d’échanges, favorisant les synergies entre universités, centres de recherche et acteurs économiques, tout en offrant une tribune privilégiée aux jeunes chercheurs.
En définitive, le congrès a confirmé et consolidé le positionnement de Constantine comme pôle scientifique et universitaire de référence, pleinement engagé dans les défis contemporains liés à l’alimentation, à la santé et à l’innovation.
Soumeya B.M



