Alors que la campagne de moisson bat son plein dans le sud du pays, les signaux sont au vert pour la récolte céréalière de 2025. Grâce à des conditions climatiques favorables et à un soutien logistique renforcé, les perspectives s’annoncent particulièrement prometteuses, aussi bien dans les régions sahariennes que dans les zones plus arrosées du nord.
Dans le Sud algérien, où la récolte a déjà débuté, l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a mis en œuvre des moyens logistiques considérables, mobilisant plus de 120 camions pour renforcer ses capacités de transport. Les premières estimations tablent sur une production de 3 millions de quintaux.
Au nord du pays, les pluies survenues fin avril et début mai sont arrivées à un moment stratégique, en pleine phase de remplissage des grains. Sur les terres fertiles, ces conditions hydriques pourraient permettre d’atteindre jusqu’à 40 millions de quintaux, selon les premières observations des services agricoles. Même les zones dites « séchantes », traditionnellement moins productives, pourraient afficher de bons rendements cette année.
L’autosuffisance en ligne de mire
Face à ces perspectives encourageantes, les ambitions du gouvernement en matière d’autosuffisance alimentaire prennent forme. Le président Abdelmadjid Tebboune déclarait en juin 2024 que l’autosuffisance en blé dur et en orge était désormais « à portée de main », avec une couverture actuelle de 80 % des besoins en blé dur assurée par la production nationale.
Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie de réduction de la dépendance aux importations. Toutefois, les pratiques d’achat de l’Algérie sur les marchés internationaux suscitent toujours l’attention. L’agence Reuters notait récemment que les appels d’offres algériens, bien que souvent libellés pour des volumes modestes (50.000 tonnes par exemple), débouchent fréquemment sur des achats bien supérieurs, révélant une forte demande persistante pour cette denrée stratégique.
Malgré ces avancées, le secteur céréalier algérien demeure confronté à plusieurs obstacles. Le coût élevé de production reste l’une des principales préoccupations des agriculteurs, en dépit des aides publiques : relèvement des prix à la production, prêts bonifiés, subventions pour les engrais et semences.
Une autre piste d’amélioration réside dans la réduction des surfaces laissées en jachère, encore importantes dans certaines régions. L’Institut technique des grandes cultures (ITGC) a accumulé une expérience notable en matière de culture en conditions arides (dry-farming), mais le transfert de ces connaissances vers les exploitants agricoles reste insuffisant. La diffusion des techniques modernes ne peut reposer uniquement sur les acteurs du secteur de l’agrofourniture, davantage tournés vers la protection des cultures que vers l’accompagnement technique.
Un contexte international peu favorable
À l’international, la situation du marché du blé pourrait compromettre les gains attendus de cette bonne campagne. Le dernier rapport de l’USDA (Département de l’Agriculture des États-Unis) prévoit une hausse des stocks mondiaux de blé pour la fin de la campagne 2024/2025, atteignant 265 millions de tonnes.
L’Algérie est à un tournant stratégique. Si les résultats de la campagne actuelle se confirment, le pays pourrait franchir une étape décisive vers l’autosuffisance en céréales. Mais cette ambition ne pourra être pleinement réalisée sans surmonter les freins structurels qui pèsent encore sur la modernisation et la compétitivité du secteur.
L.R.