À quelques kilomètres de Skikda, la commune de Filfila connaît une transformation remarquable. Longtemps perçue comme un simple village côtier, elle affirme aujourd’hui son identité de station balnéaire émergente, portée par ses atouts naturels, un tissu social en mouvement, et une volonté politique de développement durable.
Filfila séduit d’abord par sa littoralité généreuse. Sur ses plages bien entretenues, l’ambiance reste populaire et paisible, à l’image de Oued Lagsab, destination phare pour des milliers de familles chaque été. L’endroit combine eaux cristallines, services pratiques (douches, sanitaires, restauration rapide) et prix abordables, créant les conditions d’un tourisme estival ouvert à tous.
Pour les amateurs de calme, d’autres criques comme Oued El Gatt ou Oued Righa conservent un charme sauvage, fréquentées par des campeurs discrets et des visiteurs en quête de nature. Ces plages bénéficieront prochainement d’aménagements (esplanades, éclairage, accès renforcé) dans le cadre d’un plan de valorisation touristique mené par la wilaya, avec une volonté affirmée de préserver les équilibres écologiques.
Mais Filfila ne se contente pas de ses atouts balnéaires. Une station d’épuration moderne, actuellement en construction, doit entrer en service d’ici fin 2025. Sa capacité (220.000 m³/jour) en fait un outil stratégique pour la préservation du littoral, la protection des nappes phréatiques et la réutilisation des eaux traitées à des fins agricoles. Un projet en ligne avec les impératifs climatiques actuels
Tourisme en plein essor, patrimoine en devenir
Le secteur du tourisme est également en plein essor : huit hôtels sont actuellement en cours de réalisation, auxquels s’ajoutent trois projets supplémentaires prévus d’ici la fin de l’année. Cette dynamique est soutenue par l’ouverture de nouvelles plages en concession et une programmation estivale d’animations locales. Filfila mise sur une diversification de son offre : tourisme familial, écotourisme, et à terme, un tourisme culturel enraciné dans l’histoire et les savoir-faire locaux.
Car derrière ses rivages, Filfila cache une mémoire minérale peu connue : ses collines abritent d’anciennes carrières de marbre bleu turquin et blanc cristallin, exploitées depuis l’Antiquité. Ces ressources, prisées autrefois par les Romains, pourraient demain nourrir une filière artisanale locale – sculptures, mobilier, design urbain – alliant patrimoine et création contemporaine.
Filfila connaît aussi une forte croissance démographique depuis les années 1990. Des quartiers comme Salah Chebel, Bouzaâroura ou Larbi Ben M’hidi témoignent de cette expansion rapide, parfois désordonnée mais accompagnée d’efforts notables en matière de voirie, d’électrification et d’équipements publics.
La vie locale s’organise autour d’un tissu associatif et privé actif. Un complexe événementiel privé de plus de 1.000 m² accueille mariages, fêtes et événements collectifs, comblant un manque criant d’infrastructures culturelles. Des festivals, animations sur la corniche, et échanges inter-wilayas commencent à prendre forme, portés par une jeunesse entreprenante et soutenue par les autorités locales.
Filfila n’est plus ce hameau en marge de Skikda : elle construit une identité nouvelle, entre authenticité et ambition.
L.R.
