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vendredi 5 décembre 2025

Lutte anti-blanchiment : L’or dans le viseur

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Le commerce des métaux et pierres précieuses en Algérie – principalement l’or, l’argent et le platine – est désormais au cœur du dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Un rapport sectoriel publié par la Direction générale des impôts (DGI) met en évidence de fortes vulnérabilités dans ce domaine, où les transactions en espèces prédominent et où la connaissance des règles reste limitée.

Un secteur exposé aux risques financiers illicites

L’évaluation sectorielle des risques, réalisée selon une méthodologie de la Banque mondiale, s’est appuyée sur un questionnaire adressé à un échantillon de 396 commerçants de métaux précieux. Les résultats sont sans appel : le secteur est dominé par les détaillants et les artisans, bien plus nombreux que les grossistes, importateurs ou fabricants, et donc plus exposés au risque de blanchiment.

La DGI relève que le recours massif aux paiements en espèces, combiné à l’absence d’un suivi strict des transactions, constitue un terrain propice aux opérations financières illicites. Peu de commerçants ont déclaré avoir déjà refusé une transaction par crainte de blanchiment, ce qui traduit un manque de vigilance.

Des faiblesses dans l’application du cadre réglementaire

Le rapport souligne une « connaissance superficielle » de la réglementation chez de nombreux opérateurs. Beaucoup ignorent l’existence de seuils imposant l’usage de moyens de paiement traçables – comme les chèques ou virements – ce qui accentue les risques.

L’intégration des obligations légales dans la gestion quotidienne des activités reste quasi inexistante. Dans les faits, le contrôle exercé par les autorités compétentes demeure limité, ce qui entretient la vulnérabilité du secteur.

Le financement du terrorisme, un point aveugle

Les failles ne se limitent pas au blanchiment d’argent. L’évaluation montre aussi un déficit majeur dans la détection et la déclaration d’opérations suspectes liées au financement du terrorisme. La majorité des commerçants interrogés ne savent pas définir clairement les indices pouvant justifier une alerte. Leurs réponses reposent davantage sur l’intuition que sur des critères objectifs, ce qui réduit considérablement l’efficacité du dispositif préventif.

Le rapport mentionne également que les déclarations de soupçon sont quasi absentes, signe soit d’une perception erronée des risques, soit d’un manque de sensibilisation aux obligations légales.

Une volonté d’accompagner les efforts de l’État

Malgré ces lacunes, la DGI relève une certaine ouverture du secteur. Les commerçants de métaux précieux ont exprimé leur volonté de se conformer aux efforts de l’État en matière de transparence et de prévention. Cette disposition pourrait faciliter la mise en place de nouvelles mesures de régulation et de contrôle.

Vers un encadrement renforcé

La publication de ce rapport constitue un signal fort. Les autorités comptent intensifier les actions de sensibilisation, imposer davantage de traçabilité dans les transactions et renforcer le contrôle sur les acteurs du marché des métaux précieux.

Pour l’Algérie, où le commerce de l’or et de l’argent représente à la fois un patrimoine culturel et un secteur économique dynamique, il s’agit d’un enjeu crucial : préserver l’intégrité du système financier national tout en se conformant aux standards internationaux de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

L.R.

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