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samedi 6 décembre 2025

Énergie : Quand la puissance se met au vert

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L’Algérie consolide sa position de pays pionnier du raccordement électrique et gazier en Afrique du Nord, tout en accélérant ses projets pour la transition énergétique. Dans une série d’annonces récentes, les autorités et Sonelgaz ont détaillé des avancées concrètes — connexions domestiques, renforcement des capacités de production, projets solaires ambitieux et infrastructures nouvelles (bornes de recharge, détecteurs domestiques) — qui donnent une image d’un secteur en pleine mutation, à la fois tourné vers la sécurité d’approvisionnement et vers la décarbonation.

Les chiffres officiels évoquent aujourd’hui une couverture électrique nationale proche de 99 %, soit plus de 12 millions d’abonnés, et une progression sensible du raccordement au gaz naturel (autour de 69–72 % selon les bilans récents). Ces taux traduisent des années d’investissements et d’opérations de terrain : extension des réseaux, renforcement des postes et campagnes ciblées pour raccorder les zones rurales et périurbaines. L’ambition affichée est double : améliorer les conditions de vie des ménages et fournir une énergie fiable aux activités productives.

Production : capacité nationale renforcée, résilience durant les pointes

La capacité installée du parc électrique national dépasse les 26 000–27 000 MW, majoritairement assurés par des centrales à gaz, et Sonelgaz souligne sa capacité à tenir la demande, y compris lors des vagues de chaleur où la consommation atteint des pics historiques. La politique d’investissements et de maintenance — conjuguée à des mises en service partielles de nouvelles unités — a permis d’éviter des ruptures d’alimentation même en période critique.

L’un des projets industriels les plus significatifs est le complexe de Mostaganem, dont la mise en service progressive a apporté plusieurs centaines de mégawatts supplémentaires (le projet complet est généralement présenté comme ~1 450 MW ; une première tranche de 450 MW a déjà été exploitée en cycle simple). Ce type d’unités renforce la sécurité d’approvisionnement du littoral et des pôles industriels.

Investissements et modernisation : chiffres et priorités

Pour faire face à la hausse de la demande et moderniser le réseau, Sonelgaz a mobilisé des investissements importants (plusieurs dizaines de milliards de dinars pour l’année en cours selon les communiqués). Ces crédits servent à la construction de centrales, à l’extension et la rénovation des lignes de transport, ainsi qu’à la digitalisation/maintenance préventive des infrastructures — autant d’éléments essentiels pour limiter les pannes et préparer l’intégration massive des renouvelables.

L’Algérie a inscrit un cap clair : 15 000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035, avec une première phase de 3 200 MW déjà lancée et des centrales solaires importantes programmées (plusieurs sites dans le Sud et l’Est comme El M’Ghair et El Ghrous/Biskra figurent parmi les premières mises en service ou en voie d’achèvement). Ces parcs solaires répondent à deux objectifs complémentaires : diversifier le mix électrique et libérer du gaz pour l’exportation ou pour des usages industriels. L’intégration locale (fabrication d’équipements, création de filières) est aussi mise en avant pour maximiser l’impact socio-économique.

Le plan national prévoit l’installation de 1 000 bornes de recharge sur l’autoroute Est–Ouest puis dans les villes intérieures et le Sud, une démarche couplée à la fabrication locale des bornes (taux d’intégration locale annoncé supérieur à 50–56 %). Ce déploiement vise à impulser la mobilité électrique et stimuler des chaînes de valeur nationales (production de bornes, maintenance, services).

Sécurité domestique et actions sociales : détecteurs de monoxyde de carbone

Parmi les mesures de protection civile, Sonelgaz pilote une vaste opération de déploiement de détecteurs de monoxyde de carbone : l’objectif communiqué est de fournir jusqu’à 22 millions d’appareils aux foyers algériens (plusieurs millions ont déjà été distribués), un programme financé par l’État pour réduire les intoxications domestiques en hiver. Cette action illustre l’élargissement du rôle de l’opérateur public au-delà de la fourniture d’énergie, vers la prévention et la sécurité citoyenne.

Les programmes de raccordement ont ciblé spécifiquement le secteur agricole (plus de 100 000 exploitations agricoles électrifiées récemment, dépassant les objectifs annuels) et les zones industrielles/activités (dizaines de zones raccordées au courant et/ou au gaz). L’effet attendu : modernisation des exploitations, valorisation des chaînes de production locales, création d’emplois et réduction des déséquilibres territoriaux.

Export et coopération régionale : regard vers l’Europe et l’Afrique

L’Algérie travaille sur des interconnexions régionales — exportations d’électricité vers la Tunisie (des flux réguliers de plusieurs centaines de MW) et projets de câbles sous-marins vers l’Italie — ainsi que sur des accords de coopération technique et commerciale avec de nombreux pays africains. Ces orientations font partie d’une stratégie visant à valoriser la production nationale tout en renforçant l’influence économique et énergétique régionale.

Le bilan est positif : couverture quasi-universelle de l’électricité, montée en capacités, lancement concret de projets renouvelables et actions sociales massives. Les principaux défis restent l’accélération de l’intégration locale (filières industrielles pour composants solaires et bornes), la gestion de la demande croissante (efficacité énergétique), et la gouvernance des grands projets d’export (financements, partenariats et calendrier). Si ces verrous sont levés, l’Algérie peut transformer ses atouts énergétiques en moteur durable de développement, régional et national.

L.R.

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