Les partis politiques se réclament de la mouvance dite démocratique, à l’instar du Rassemblement pour la culture et la démocratie ( RCD), du Front des forces socialistes ( FFS), du Parti des Travailleurs ( P.T), le du Mouvement démocratique et social et de l’ Union pour le Changement et le Progrès (UCP), ont décidé, pour moult raisons, de boycotter les élections législatives de samedi prochain. Or le boycott a toujours été du pain béni pour les islamistes et autres populistes. Un choix démocratique, certes, mais qui laisse la porte grande ouverte aux opportunistes et notamment à la mouvance islamiste qui pourra, alors, réaliser ce qu’elle n’a jamais réussi à accomplir par le passé, à savoir dominer les pouvoirs législatif et exécutif. Une attitude décrié et fustigée par nombre d’observateurs. Cette fuite en avant, le camp démocratique devra l’assumer même si le pouvoir en place rétorque que la fonction démocratique est susceptible d’être assurée par la société civile. De ce fait, le futur Parlement risque de perdre même ses vocables de «façade démocratique» ou d’«alibi démocratique», ce qui poserait problème autant pour la mouvance démocratique que pour le pays. En effet, le scrutin de samedi prochain décidera du futur Parlement qui va décider, à son tour, des lois des vies des citoyens, soulignait, récemment, L’écrivain et chroniqueur Kamel Daoud. Et de souligner les appels au boycott « dans la réalité, drainent peu de monde car le gisement des électeurs démocrates est pauvre. » Les démocrates ayant, de tout temps, élu domicile dans les grandes agglomérations. Fondamentalement, rien ne remplace un parti politique fort, bien encadré, proche du peuple et toujours vigilant et critique vis-à-vis des gouvernants.
Un revirement n’est pas à exclure…
Les maux dont souffrait le pays avant la naissance du Mouvement populaire « Hirak » et contre lesquels toute une nation s’est insurgée risquent de ce fait de s’aggraver et même de se multiplier : corruption, népotisme, passe-droits, laxisme et laisser-aller. À telle enseigne qu’un sentiment d’être tombé de Charybde en Scylla habite, déjà, bon nombre de citoyens. Si d’aucuns ne regrettent, aujourd’hui, l’ancien régime d’avant 2019, un revirement n’est pas à exclure. Et pour cause, espoirs d’un changement ont été sacrifiés sur l’autel de l’ego des leaders de la mouvance dite démocratique. Les fortes espérances portées par les slogans révolutionnaires, celles du travail, de la liberté et de la dignité risquent de s’évaporer bien avant que l’encre ne sèche. Certes, au sein du nouveau Parlement, les nouvelles forces politiques émergentes, précisément celles nées à la faveur du hirak, un vivier extraordinaire de révolutionnaires, prendront place, tel le TAJ (Tajamoue Amel El Jazaïr), Jil Jadid, le parti El Karama, le parti El Moustakbal, Sawt Echaab. Néanmoins, auront l’envergure du RCD, du FFS ou du P.T, aguerris aux jeux des coulisses et qui brisaient souvent l’unanimisme et faisaient jaillir diverses vérités et critiques sur la gouvernance du régime en place. Permettront-ils l’émergence d’un véritable Parlement, c’est-à-dire un puissant contre-pouvoir ? Rien n’est sur. Dans ce contexte, comment s’étonner de voir le parlement se transformer en une foire d’empoigne où la polémique perpétuelle le disputent aux attaques ad hominem. Peut-on construire une démocratie sans démocrates ? Les institutions politiques et économiques d’un pays ne peuvent constituer à elles seules la démocratie : elles n’en sont que le cadre. En vérité, il n’y a pas de démocratie sans démocrates. La démocratie, c’est d’abord un état d’esprit.
Badis B.