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mardi 28 octobre 2025

Économie hors-hydrocarbure : La Banque mondiale salue une dynamique naissante

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Dans un rapport publié récemment sur son site officiel, la Banque mondiale salue les progrès accomplis par l’Algérie dans sa quête de diversification économique. Intitulé « Comment l’Algérie construit une économie dynamique pour demain », l’article met en lumière une transformation amorcée avec vigueur, notamment grâce à une série de réformes ambitieuses. Mais l’institution financière tempère cet enthousiasme en soulignant les défis persistants qui freinent le plein essor de cette transition.

Un tournant économique illustré par les chiffres et les images

Les indicateurs sont révélateurs. En 2023, les exportations hors hydrocarbures de l’Algérie ont atteint 5,1 milliards de dollars, soit le triple du niveau enregistré en 2017. Cette évolution illustre une volonté manifeste de rompre avec la dépendance historique aux revenus pétroliers et gaziers. Les exportations se composent principalement d’engrais, de produits sidérurgiques, de ciment, mais également de produits agricoles, à l’image des dattes ou encore des peaux de mouton, valorisées dans une industrie du cuir en expansion.

Une image forte accompagne cette mutation : celle des grues surplombant les conteneurs au port d’Alger. « Il y a dix ans, 90 % des navires transportaient du pétrole et du gaz », témoigne un employé du port. Aujourd’hui, ces mêmes quais voient transiter des marchandises diversifiées à destination de multiples marchés étrangers. Pour la Banque mondiale, cette scène illustre « un nouveau chapitre de l’histoire économique de l’Algérie ».

Réformes structurantes et soutien technique

Deux piliers majeurs soutiennent cette transformation : le Système communautaire portuaire algérien (APCS), et la nouvelle loi sur l’investissement promulguée en 2022.

L’APCS, lancé en juillet 2021 avec l’expertise technique de la Banque mondiale, est une plateforme numérique qui interconnecte les différents acteurs de la chaîne portuaire. Elle permet une réduction significative des délais de dédouanement en reliant en temps réel les douanes, les compagnies maritimes et les exportateurs. Pour Meriem Ait Ali Slimane, économiste principale à la Banque mondiale, cette initiative « marque un tournant pour le secteur commercial algérien » et illustre « l’impact transformateur de réformes ciblées ».

Quant à la loi sur l’investissement, elle vise à offrir un cadre plus attractif aux investisseurs nationaux et étrangers. Elle prévoit un éventail d’incitations fiscales et douanières, ainsi qu’une simplification des procédures administratives, portée par la nouvelle Agence algérienne de promotion des investissements (AAPI). Cette dernière a déployé une plateforme numérique destinée à faciliter l’accès au foncier, aux informations sectorielles et aux dispositifs de soutien. La Banque mondiale a contribué à cette modernisation par des formations et des conseils stratégiques sur l’attractivité des investissements directs étrangers (IDE).

Un appui multisectoriel, de l’agriculture à l’industrie

Outre le commerce extérieur, la Banque mondiale met en avant l’évolution du secteur agricole, désormais mieux structuré pour répondre aux exigences des marchés internationaux. L’institution a notamment soutenu des études de marché et des dialogues public-privé, tout en accompagnant des projets pilotes comme celui de 2018 ayant permis la collecte de plus de 800 000 peaux de mouton, ouvrant la voie à une relance de la filière cuir.

Le soutien a également concerné certaines chaînes industrielles spécifiques, notamment le liège et la mécanique de précision. En parallèle, la Banque mondiale a contribué à renforcer les capacités de l’organisme national d’accréditation (ALGERAC) pour aligner les produits algériens sur les standards internationaux.

Des défis structurels à relever

Malgré ces avancées, les défis restent nombreux. La Banque mondiale pointe du doigt la persistance d’obstacles bureaucratiques et un manque de productivité généralisé, qui freinent la compétitivité des entreprises. De plus, la transition mondiale vers une économie bas carbone représente un enjeu stratégique pour l’Algérie, dont une partie des exportations demeure fortement émettrice de CO?.

Pour répondre à ces impératifs, l’institution recommande une série de mesures, parmi lesquelles la tarification du carbone, la diversification des marchés d’exportation, et le renforcement des chaînes de valeur dans les énergies renouvelables et les technologies de l’information.

« L’enjeu consiste désormais à poursuivre sur cette lancée, en s’attaquant aux obstacles structurels et en améliorant la compétitivité », conclut Kamel Braham, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie.

L.R.

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