Engagée dans une profonde transformation de son industrie pharmaceutique, l’Algérie fait aujourd’hui cap sur une étape décisive : l’obtention du Niveau de Maturité 3 (ML3) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une reconnaissance internationale qui ferait de son système de réglementation pharmaceutique un modèle d’efficacité, tout en propulsant les médicaments algériens sur les marchés mondiaux.
Une dynamique de montée en puissance
Depuis plusieurs années, l’Algérie investit massivement dans son industrie pharmaceutique. Résultat : une production locale en forte croissance, des infrastructures modernisées, et des projets stratégiques lancés sur l’ensemble du territoire.
Portée par cette dynamique, l’ambition nationale est désormais claire : aligner son système de réglementation pharmaceutique sur les standards internationaux, à travers l’atteinte du Niveau de Maturité 3 (ML3) établi par l’OMS.
Ce niveau marque une étape-clé dans la reconnaissance de la capacité d’un pays à assurer un encadrement réglementaire rigoureux, cohérent et fiable — conditions essentielles pour garantir la qualité, la sécurité et l’efficacité des médicaments.
Un processus structuré et soutenu
C’est dans ce cadre que le ministère de l’Industrie pharmaceutique, via l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP), a officiellement engagé le processus d’évaluation vers le ML3, avec l’appui technique de l’OMS.
Le ministre Ouacim Kouidri a souligné que cette démarche vise à obtenir, dans les meilleurs délais, une certification internationale capable de transformer l’écosystème local :
« Le ML3 permettra de renforcer la compétitivité des produits locaux sur les marchés internationaux et contribuera à la promotion d’une industrie pharmaceutique à haute valeur ajoutée. »
Une ambition continentale
Selon le représentant de l’OMS en Algérie, Dr Phanuel Habimana, le pays affiche un potentiel remarquable. Ainsi, près de 30 % des unités de production pharmaceutique de la région OMS Afrique sont installées en Algérie. 73 % des médicaments de la liste nationale des essentiels sont déjà produits localement.
L’obtention du ML3 permettrait à l’Algérie de devenir le 9e pays africain à atteindre ce niveau, consolidant son rôle de leader régional dans le domaine pharmaceutique.
Mais cette ambition ne relève pas d’une simple formalité. Elle implique une mobilisation technique de grande ampleur, en particulier autour du renforcement des neuf fonctions clés du Global Benchmarking Tool (GBT) de l’OMS, outil de référence dans l’évaluation des autorités de régulation.
Une feuille de route ambitieuse
Pour y parvenir, une feuille de route détaillée est déjà en cours d’exécution. Portée par des experts nationaux et soutenue par les partenaires techniques, elle vise à ancrer dans la durée des pratiques réglementaires alignées sur les standards internationaux.
L’OMS souligne d’ailleurs que le ML3 représente bien plus qu’un label :
« C’est un gage de confiance pour les patients, les investisseurs et les partenaires internationaux. Il symbolise l’excellence réglementaire. »
Une ambition continentale… et un cercle restreint
Atteindre le Niveau de Maturité 3 n’est pas monnaie courante sur le continent africain. À ce jour, seuls huit pays africains ont réussi à atteindre ce niveau d’excellence réglementaire reconnu par l’OMS. Il s’agit notamment de l’Égypte, du Ghana, du Nigeria, de la Tanzanie, du Zimbabwe, du Rwanda et de l’Afrique du Sud. Ces pays bénéficient désormais d’un statut qui leur permet non seulement de mieux réguler leur marché intérieur, mais aussi de faciliter la reconnaissance internationale de leurs produits pharmaceutiques.
L’Algérie, en visant ce même niveau, entend rejoindre ce club restreint des autorités de régulation les plus performantes du continent, avec l’objectif clair de renforcer sa souveraineté sanitaire et de devenir un hub pharmaceutique régional.
Un levier stratégique pour l’exportation
Au-delà de la conformité, le ML3 constitue un véritable levier économique et diplomatique. Il ouvrira la voie à une intégration plus fluide dans les circuits d’exportation, notamment vers les marchés africains, moyen-orientaux et asiatiques.
En structurant son système de réglementation autour des meilleures pratiques mondiales, l’Algérie affirme sa volonté de devenir un acteur incontournable du médicament sur la scène internationale — un choix stratégique, au service de la santé publique et du développement économique.
S.B.



