Avec des réserves estimées à quelque 140 millions de mètres cubes, réparties sur 38 sites à travers le territoire, l’industrie du marbre en Algérie affiche un potentiel prometteur. Portée par une qualité reconnue de sa pierre, la filière connaît depuis quelques années un regain d’intérêt, soutenu par un encadrement législatif renforcé.
« Le secteur est aujourd’hui encadré par de nouvelles législations visant à le dynamiser », a affirmé ce mardi Djallal Guitoune, secrétaire général de la Fédération des minerais, lors de son intervention sur la Chaîne 3 de la Radio Algérienne, dans l’émission L’invité du jour. Il qualifie cette industrie de « naissante », tout en rappelant que ses véritables fondations ont été posées en 2017, lorsque Abdelmadjid Tebboune, alors Premier ministre, avait pris la décision d’interdire l’importation de produits semi-finis en marbre afin de stimuler la production locale.
Une orientation stratégique poursuivie depuis son accession à la présidence, en 2019, avec un soutien accru à l’investissement public et privé dans le secteur. Aujourd’hui, pas moins de 50 unités industrielles sont opérationnelles, produisant un marbre de grande qualité, prisé tant sur le marché local qu’international.
Pour autant, la filière peine à pleinement décoller, confrontée à plusieurs écueils structurels. Si les difficultés logistiques et les enjeux de sécurité freinent son essor, c’est surtout le déficit en main-d’œuvre qualifiée qui inquiète les professionnels du secteur.
« La pénurie de compétences techniques spécialisées constitue un frein majeur », reconnaît Djallal Guitoune, tout en se disant optimiste. Il mise notamment sur l’ouverture prochaine, en partenariat avec l’Italie, d’un centre technologique de formation dédié aux métiers du marbre, pour pallier ce manque. Ce projet vise à transmettre un savoir-faire pointu, allant de l’extraction à la transformation, dans le but de renforcer la compétitivité de la filière.
Le marbre, une industrie stratégique à l’échelle mondiale
L’ambition algérienne de s’imposer comme un acteur de référence dans le marbre s’inscrit dans un contexte international dominé par quelques grandes puissances. L’Italie, véritable berceau de cette industrie, reste le leader incontesté, notamment avec les célèbres marbres de Carrare. La Turquie s’est également imposée comme un géant du secteur, grâce à une production abondante et des prix compétitifs. L’Inde, pour sa part, bénéficie de vastes gisements et d’un savoir-faire croissant, tandis que la Chine, en plus d’être un gros consommateur, s’affirme comme un transformateur industriel incontournable.
Dans ce concert de nations, l’Algérie cherche encore sa place, mais les potentialités géologiques, couplées à une volonté politique affirmée, pourraient bien changer la donne dans les années à venir.
L.R.
