Dans un contexte marqué par une recrudescence des fraudes numériques, le ministère de la Poste et des Télécommunications a lancé, ce samedi, une vaste campagne nationale de sensibilisation à l’escroquerie en ligne, qui se poursuivra jusqu’au 30 mai. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique de renforcement de la sécurité numérique des citoyens, particulièrement face aux menaces croissantes du cyberespace.
Informer, prévenir, protéger
Sous le slogan évocateur « Ne partagez pas vos informations personnelles en ligne, soyez vigilants, l’arnaqueur guette l’occasion », cette campagne vise à sensibiliser la population aux techniques d’escroquerie numérique de plus en plus sophistiquées et à fournir les outils nécessaires pour s’en prémunir. Elle encourage notamment le signalement des tentatives de fraude, un acte crucial dans la lutte contre ces pratiques illicites.
Présent lors du lancement, le ministre de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki, a souligné l’importance de cette mobilisation, la qualifiant de « rempart complémentaire aux cadres législatifs et aux dispositifs techniques ». Il a également insisté sur la nécessité de protéger les usagers les plus vulnérables, souvent les premières victimes de ces arnaques qui exploitent la méconnaissance ou l’imprudence des internautes.
« Face à l’augmentation du nombre de victimes, nous devons redoubler d’efforts pour développer une culture numérique de prévention », a déclaré le ministre, rappelant que la vigilance citoyenne reste l’un des meilleurs remparts contre la fraude en ligne.
Une continuité dans les efforts de sensibilisation
Cette nouvelle campagne fait suite à une autre initiative menée en février dernier, axée sur la protection des enfants contre les dangers liés à l’usage abusif d’Internet. Elle témoigne d’une volonté affirmée des autorités de structurer une réponse pédagogique et inclusive aux défis numériques, tout en accompagnant les évolutions technologiques du pays.
Zerrouki a par ailleurs salué les progrès réalisés dans la digitalisation et la modernisation des infrastructures numériques, rendus possibles grâce à la vision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Il a cependant mis en garde contre un relâchement de la vigilance face aux dangers persistants du web : vols d’identité, hameçonnage, piratage de comptes, escroqueries aux faux investissements ou fausses offres d’emploi.
Un combat mondial contre l’escroquerie numérique
La lutte contre l’escroquerie en ligne n’est pas un défi uniquement national. À l’échelle mondiale, les cybercriminels redoublent d’inventivité, obligeant les États à coopérer plus étroitement. Plusieurs mesures ont été adoptées à travers le monde pour contenir ce fléau numérique à travers le renforcement des législations sur la cybersécurité, comme le Règlement général sur la protection des données (RGPD) en Europe, ou les lois similaires adoptées au Canada, au Brésil et dans plusieurs pays africains, la création de cellules de cyberpolice spécialisées, telles que l’Interpol Cybercrime Directorate ou les unités nationales de cybercriminalité qui coopèrent via des réseaux comme Europol, AFRIPOL ou FIRST (Forum of Incident Response and Security Teams).
Il également préconisé des campagnes de sensibilisation globales, à l’image du Mois européen de la cybersécurité ou du Safer Internet Day, qui visent à éduquer les internautes de tous âges sur les bonnes pratiques, des partenariats public-privé, où des géants du numérique comme Google, Microsoft, Meta ou Apple collaborent avec les autorités pour détecter les menaces et améliorer la protection des utilisateurs. Ainsi que le déploiement d’outils d’intelligence artificielle pour identifier en temps réel les tentatives de fraude et prévenir les intrusions dans les systèmes bancaires et administratifs.
Ces efforts soulignent l’importance d’une approche globale et coordonnée, où chaque pays joue un rôle clé dans la sécurisation de l’espace numérique mondial.
Une sensibilisation centrée sur l’utilisateur
En Algérie, la campagne actuelle met également l’accent sur la sécurité des services numériques locaux, notamment l’usage prudent de la carte Edahabia et de l’application BaridiMob, souvent ciblées par des tentatives de phishing ou de vol de données. Des ateliers et conférences sont organisés à travers le pays pour informer les citoyens sur les dangers du partage de données personnelles, les incitant à adopter les bonnes pratiques numériques : ne jamais répondre à des messages suspects, vérifier l’authenticité des sites web, utiliser des mots de passe complexes, ou encore activer la double authentification.
Le ministre a enfin insisté sur la nécessité d’un travail participatif, impliquant institutions, société civile, médias et citoyens. Car face à un phénomène aussi complexe, la seule solution durable reste une mobilisation collective, doublée d’une éducation numérique accessible à tous.
L.R.