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mardi 28 octobre 2025

 À Constantine, la formation professionnelle en première ligne contre la drogue

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Face à l’ampleur inquiétante du fléau de la drogue chez les jeunes, une rencontre-débat s’est tenue lundi 16 juin au CFPA Ahmed Boudermine, à Constantine. Organisée dans le cadre d’une campagne nationale de sensibilisation, l’initiative vise à prévenir les risques de toxicomanie dans les milieux de formation professionnelle, désormais considérés comme prioritaires.

Dans une salle comble du Centre de formation professionnelle Ahmed Boudermine, jouxtant le CHU Benbadis, formateurs, stagiaires et représentants des institutions se sont réunis pour une journée d’échange consacrée à l’un des phénomènes les plus préoccupants de notre société : la propagation de la drogue chez les jeunes.

Cette initiative, portée par la direction locale de la formation professionnelle, s’inscrit dans une campagne de sensibilisation nationale initiée par la tutelle. Objectif affiché : alerter les jeunes en formation sur les risques réels de la drogue, à travers un travail de proximité et un discours franc, sans détour ni tabou.

«?Nos jeunes ne sont plus épargnés. Le danger est partout, parfois à quelques pas de l’établissement?», alerte un intervenant. Les échanges, souvent empreints d’émotion, ont mis en lumière la banalisation de la consommation de drogues dans certains cercles de jeunes, et ses conséquences dramatiques.

Des dérives extrêmes, des témoignages édifiants

Parmi les intervenants, un représentant des affaires religieuses a livré un témoignage glaçant sur les conséquences de la toxicomanie. «?Il arrive qu’un jeune, sous l’effet de drogues dures, en vienne à agresser, voire tuer ses propres parents. Ce ne sont pas des cas isolés, ce sont des réalités vécues, documentées?», a-t-il affirmé, soulignant la déshumanisation progressive que provoque l’addiction.

Ce type de témoignage, bien que choquant, a pour but de briser le silence qui entoure la consommation de stupéfiants et de rappeler aux jeunes que la drogue n’épargne personne : ni le niveau social, ni l’éducation, ni l’environnement familial ne constituent des barrières suffisantes.

Une médiatisation plus proche des jeunes

Conscientes de la nécessité de parler le langage des jeunes, les autorités et les acteurs engagés dans la lutte contre la drogue ont recours à de nouveaux outils numériques de vulgarisation et de sensibilisation. Vidéos virales, capsules de témoignages diffusées sur les réseaux sociaux, podcasts éducatifs, applications interactives, webinaires et campagnes via TikTok, Instagram ou Snapchat sont désormais intégrés dans les actions de prévention.

Ces contenus, souvent conçus avec des influenceurs ou des créateurs engagés, visent à dépoussiérer les messages classiques de la lutte antidrogue et à capter l’attention d’un public jeune, souvent imperméable aux approches institutionnelles traditionnelles. L’idée est de créer une proximité, une identification et une prise de conscience en utilisant les outils de communication qui leur sont familiers.

Tous concernés, tous mobilisés

La campagne ne se limite pas à des discours alarmants. Elle s’inscrit dans une démarche éducative proactive, avec des ateliers, des débats ouverts et l’implication des brigades spécialisées dans la lutte contre la drogue, présentes dans les établissements pour parler directement aux jeunes.

Les initiateurs de cette journée affirment leur volonté de généraliser ces actions à l’ensemble des CFPA de Constantine, dans une logique de prévention continue. «?Nous devons être présents sur le terrain, à l’écoute, en alerte, car c’est dans nos centres que la prévention peut réellement porter ses fruits?», explique un responsable de l’établissement.

Un autre angle abordé lors de la rencontre a été le traitement judiciaire des trafiquants, jugé parfois trop indulgent par les participants. «?Les véritables responsables de ces drames sociaux, ce sont les dealers, les réseaux de distribution, ceux qui empoisonnent la jeunesse pour du profit. Il est temps que la justice adopte une position plus ferme à leur encontre?», a plaidé un intervenant.

Bref, les organisateurs de cette journée de sensibilisation estiment que la formation professionnelle ne peut ignorer les réalités sociales qui touchent ses stagiaires. Au contraire, elle a un rôle essentiel à jouer : celui de former des compétences, mais aussi des citoyens conscients, armés pour affronter les risques qui les guettent.

L.R.

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