Longtemps considérée comme une voie de « seconde zone », la formation professionnelle retrouve aujourd’hui une place centrale dans les politiques publiques. L’exposition organisée jeudi dernier à l’Institut National Spécialisé de la Formation Professionnelle (INSFP) Benhamada Redjem, à Zighoud Youcef (Constantine), en est une illustration éclatante. Dédiée exclusivement aux produits conçus par les apprentis de la wilaya, cette manifestation avait pour objectif de mettre en lumière un vivier de compétences trop souvent ignoré.
Sous l’impulsion de la Direction de la Formation et de l’Enseignement Professionnels (DFEP), cette initiative s’inscrit dans une campagne de valorisation nationale du secteur. Les stands ont mis en avant des projets concrets réalisés par les stagiaires dans des domaines aussi variés que la menuiserie, la mécanique, l’électrotechnique, la couture, l’agroalimentaire ou encore le design numérique. Autant de filières dont les débouchés sont immédiats sur le marché de l’emploi local.
Les visiteurs – parmi lesquels des chefs d’entreprise, des représentants des institutions locales et des citoyens curieux – ont unanimement salué la qualité technique et créative des productions exposées. Certains produits, à la frontière entre artisanat et industrie, témoignent d’un niveau de maîtrise avancé et d’une réelle capacité d’innovation chez ces jeunes en formation.
L’apprentissage, cheval de bataille du ministère
À la tête du secteur depuis peu, le ministre Yacine Walid n’a pas tardé à afficher ses priorités. Ancien ministre de l’Économie de la connaissance et des Start-up, il connaît les enjeux de l’employabilité et du développement des compétences de terrain. Pour lui, l’apprentissage constitue le socle d’une relance économique ancrée dans le réel, capable de générer rapidement de la valeur ajoutée et de l’emploi.
Son approche s’inscrit dans la continuité des modèles adoptés par les grandes économies industrielles, à l’image de l’Allemagne, souvent citée en exemple. Sortie exsangue de la Seconde Guerre mondiale, elle a pu reconstruire son appareil productif en s’appuyant sur une main-d’œuvre formée dans le cadre du système dual : alternance entre cours théoriques et immersion en entreprise.
« Nous devons adapter ce modèle à nos réalités, mais l’esprit est le même : former des jeunes pour des métiers réels, porteurs, et immédiatement utiles », a déclaré un cadre de la direction régionale.
La wilaya de Constantine semble aujourd’hui prête à jouer un rôle moteur dans cette stratégie nationale. Dotée d’un réseau structuré de centres de formation, dont plusieurs établissements spécialisés de référence, elle mise sur la montée en qualité de ses formations pour répondre aux besoins d’un marché du travail en mutation rapide.
L’INSFP de Zighoud Youcef, où s’est tenue l’exposition, incarne cette nouvelle dynamique. Par ses équipements modernes, son corps enseignant expérimenté, et surtout par la motivation visible de ses stagiaires, il illustre une formation professionnelle résolument tournée vers l’excellence.
L’exposition de Zighoud Youcef, par sa portée symbolique, dépasse les frontières de la wilaya. Elle rappelle une vérité que de nombreux pays ont intégrée depuis longtemps : la formation professionnelle n’est pas un choix par défaut, mais une voie d’excellence. En revalorisant l’apprentissage, l’Algérie pourrait bien jeter les bases d’un nouveau contrat économique et social, plus inclusif, plus productif, et plus ancré dans la réalité de ses territoires.
L.R.



