Le centre de recherche, de développement et d’innovation du groupe pharmaceutique public Saïdal sera livré avant la fin de l’année 2025. C’est ce qu’a annoncé mardi à Alger le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Wassim Kouidri, lors d’une visite de terrain dans la capitale. Il était accompagné du wali d’Alger, Noureddine Rabhi, ainsi que de plusieurs responsables locaux et cadres du ministère.
Implanté dans la commune de Rahmania, à l’ouest d’Alger, ce centre scientifique a été lancé en 2017 sur une superficie de 7 929 mètres carrés. Il est financé à hauteur de deux milliards de dinars par le Fonds national d’investissement. Initialement prévu pour être réceptionné en 2020, le projet a connu un retard qualifié « d’injustifié » par le ministre, qui s’est engagé à ce que le chantier soit achevé avant la fin de l’année en cours.
Une fois opérationnel, le centre deviendra une structure essentielle pour soutenir la stratégie nationale d’innovation dans le domaine pharmaceutique. Il aura pour mission de développer des médicaments génériques, de concevoir des produits parapharmaceutiques et des compléments alimentaires, et de valoriser les ressources naturelles disponibles localement. Il s’attèlera aussi à la qualification des matières premières selon les normes internationales et au perfectionnement des méthodes d’analyse et de contrôle qualité.
Le centre jouera également un rôle important dans le transfert de technologie au profit des unités de production de Saïdal. Il accompagnera la formation des chercheurs et des étudiants algériens, en encadrant des thèses de doctorat, des projets de fin d’études et des initiatives innovantes issues du tissu académique et entrepreneurial.
D’un point de vue scientifique, l’établissement s’inscrira dans une démarche de veille technologique continue, en intégrant des programmes de recherche à l’échelle nationale et internationale. Il participera à des événements scientifiques, favorisera le dépôt de brevets et mettra en œuvre une gestion respectueuse de l’environnement, conforme aux standards de durabilité.
Vers une production nationale couvrant 80 % des besoins
Sur le plan industriel, le ministre a rappelé que la production nationale de médicaments permet aujourd’hui de couvrir près de 80 % des besoins du marché algérien. Cependant, cette dynamique s’accompagne parfois d’un excès de production dans certaines catégories, ce qui impose une meilleure régulation du marché et une réorientation vers les segments encore dépendants des importations. L’année 2025 marquera également le lancement de nouvelles unités destinées à la production de matières premières, un pas important vers la réduction de la facture d’importation. Un projet de création d’une unité de stérilisation de dispositifs médicaux est également en cours d’étude.
Concernant la circulation récente de lots falsifiés du médicament Sintrom, le ministre a précisé que ce produit est désormais fabriqué localement depuis 2023, et qu’il n’est plus importé. Une enquête a été ouverte pour identifier la provenance des quantités suspectes en circulation sur le marché.
La visite ministérielle a aussi permis de mettre en avant le rôle croissant des investissements étrangers dans le secteur pharmaceutique. Le ministre s’est rendu à l’usine de Hikma Pharma Algérie, située à Staouéli. Cette unité spécialisée dans la fabrication de médicaments injectables est équipée de deux lignes de production modernes et affiche une capacité annuelle de dix millions d’ampoules. Il s’agit de la première implantation du groupe jordanien Hikma en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, pour un investissement estimé à trente millions de dollars.
La délégation ministérielle a également visité l’unité M1 du laboratoire algérien Merinal, à Oued Smar. Cette entreprise, qui mise sur la qualité et l’innovation, exporte actuellement vers douze pays, principalement en Afrique, et s’appuie fortement sur les compétences locales.
À travers l’ensemble de ces initiatives, le ministère de l’Industrie pharmaceutique entend consolider une souveraineté sanitaire durable. Cette ambition repose sur le développement de l’innovation, la montée en puissance de la production nationale et la valorisation des savoir-faire algériens dans le domaine pharmaceutique.
L.R.
