L’Algérie amorce un tournant stratégique majeur dans le développement de son industrie automobile, en misant résolument sur le potentiel humain national, aussi bien local que diasporique, comme levier d’innovation, de souveraineté industrielle et de structuration durable du secteur. À la manœuvre, le ministère de l’Industrie, sous la houlette de Sifi Ghrieb, déploie une série d’initiatives concrètes et ambitieuses visant à canaliser les expertises algériennes au service de la construction d’un écosystème automobile intégré, compétitif et localisé.
Mobilisation des experts algériens : vers un Conseil national d’expertise
Dans ce cadre, le ministère a annoncé, via son site officiel, le lancement d’un appel à candidature à destination des experts algériens de l’automobile, qu’ils soient établis en Algérie ou à l’étranger. L’objectif est la création d’un Conseil national d’expertise de l’industrie automobile et de la pièce détachée, organe consultatif stratégique destiné à structurer une vision partagée entre les professionnels aguerris et les jeunes talents du secteur, soutenir la mise en œuvre d’une stratégie industrielle autonome, innovante et axée sur la montée en gamme et consolider les bases d’une industrie pérenne, souveraine et compétitive, avec une forte valeur ajoutée locale
Le ministère affirme que cette démarche s’inscrit dans un effort de long terme pour bâtir une industrie automobile intelligente, durable, et capable de répondre aux exigences du marché intérieur tout en visant l’exportation.
Une industrie en reconstruction : intégration locale et réduction de la dépendance
Au-delà de la simple consultation d’experts, cette stratégie se matérialise également par des actions concrètes sur le terrain industriel. L’enjeu : diminuer la dépendance structurelle du pays vis-à-vis de l’importation de véhicules et de pièces, en favorisant une production nationale intégrée, structurée autour d’un réseau de fabricants locaux.
C’est dans cet esprit qu’a été lancé, le 11 mai dernier, un réseau national de fabricants de pièces détachées automobiles, conçu comme socle d’un futur tissu industriel national. Ce réseau a vocation à recenser, structurer et accompagner les producteurs de pièces locales, faciliter leur adhésion aux normes techniques et industrielles internationales et soutenir la montée en qualité des productions locales pour répondre aux besoins du marché national et des constructeurs implantés ou à venir
Certification et conformité : levier essentiel de la compétitivité
Conscient que la qualité est un prérequis à toute ambition industrielle durable, le ministère a également mis en place un réseau national de certification et d’homologation des pièces de rechange, destiné à garantir la conformité des produits locaux aux standards exigés par les constructeurs. Cette initiative, lancée en mars dernier, est perçue comme une étape charnière pour assurer la fiabilité et la traçabilité des pièces produites en Algérie, créer un climat de confiance entre constructeurs et sous-traitants et stimuler l’essor d’une sous-traitance nationale compétitive
Un mémorandum d’entente signé entre le ministère, 13 constructeurs de véhicules (locaux et étrangers), et le comité de suivi de l’activité de fabrication de pièces, vise à intégrer progressivement ces composants locaux dans les véhicules assemblés en Algérie. Cela passe par une évaluation rigoureuse des capacités techniques et une mise à niveau des outils de production.
Coopération, innovation et montée en gamme
Au cœur de cette stratégie se trouve également la volonté de créer un maillage industriel cohérent, basé sur la coopération active entre constructeurs et fabricants de composants, afin de renforcer la filière locale de fabrication de pièces, soutenir la production de véhicules à haute valeur ajoutée et stimuler l’innovation technique et l’adaptation aux nouvelles normes mondiales (mobilité électrique, sécurité, durabilité)
Sifi Ghrieb insiste sur l’impératif de veiller à la conformité technique, à l’innovation continue et à la montée en qualité, éléments jugés cruciaux pour permettre à l’Algérie de franchir un cap dans l’industrialisation de son secteur automobile.
Une politique industrielle tournée vers l’avenir
En somme, la nouvelle dynamique impulsée par le ministère de l’Industrie algérien marque une rupture nette avec les politiques antérieures basées sur l’importation. En mobilisant les compétences nationales et de la diaspora, en structurant la chaîne de valeur autour de la production locale et en instaurant des normes rigoureuses de qualité, l’Algérie cherche à s’ériger en acteur crédible et autonome de l’industrie automobile régionale. Une ambition à la hauteur des enjeux économiques et technologiques de demain.
L.R.



