Seulement 7 % des 100 milliards de m³ de précipitations annuelles sont actuellement exploités en Algérie. Ce constat, dressé par le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Yacine El-Mahdi Oualid, met en lumière l’ampleur du défi hydrique auquel fait face le pays — et la nécessité d’une véritable transformation du modèle agricole national.
S’exprimant lundi à l’ouverture de la Conférence nationale sur la modernisation de l’agriculture, tenue les 27 et 28 octobre au Centre international des conférences Abdelatif-Rahal (CIC), le ministre a exposé les grands axes d’une stratégie centrée sur la valorisation des ressources en eau et la modernisation technologique du secteur.
Vers une “révolution” de la gestion de l’eau
Le ministre a annoncé le lancement d’une « véritable révolution » dans la gestion de l’eau agricole, reposant sur trois leviers : l’extension de l’irrigation goutte-à-goutte, l’utilisation des eaux traitées pour l’irrigation, et l’optimisation de la collecte et de la distribution des ressources hydriques.
L’objectif est de mieux exploiter les volumes considérables de précipitations dont dispose le pays, souvent perdus faute d’infrastructures et de dispositifs d’irrigation performants.
Rendement céréalier : un objectif de 35 quintaux à l’hectare
Abordant la filière des céréales, le ministre a fixé un objectif ambitieux : porter le rendement moyen à 35 quintaux à l’hectare d’ici cinq ans.
Pour atteindre cette cible, le département mise sur plusieurs leviers technologiques et scientifiques : semences améliorées à haut rendement, agriculture de précision et intelligence artificielle, et programmes de fertilisation basés sur des études scientifiques.
Cette démarche s’inscrit dans une vision de productivité durable, fondée sur la recherche et la technologie, pour réduire la dépendance aux importations et renforcer la sécurité alimentaire nationale.
Suivi numérique des terres agricoles
Dans cette même logique de modernisation, Oualid a annoncé la mise en place d’un système d’information national unifié afin de baser les décisions agricoles sur des données fiables et actualisées, rompant avec la logique des estimations « aléatoires ».
Le recours aux satellites, drones et outils de télédétection permettra de suivre l’évolution des cultures, de cartographier les sols et d’optimiser l’usage des intrants agricoles.
Le ministère entend également s’appuyer sur les start-up et les centres de recherche spécialisés dans l’agriculture intelligente et la gestion durable des ressources.
Sahara et Hauts-Plateaux : leviers de croissance stratégique
Le ministre a par ailleurs mis en avant le potentiel immense de l’agriculture saharienne, évoquant un million d’hectares exploitables pour les cultures stratégiques, soutenus par des réserves d’eau souterraine considérables. Cette zone est appelée à devenir un réservoir stratégique pour la sécurité alimentaire nationale.
Quant aux Hauts-Plateaux, ils offrent 20 millions d’hectares propices au pâturage et à la culture fourragère, ainsi que des conditions favorables au développement de cultures sous serres photovoltaïques, combinant agriculture et production d’énergie renouvelable.
Une stratégie tournée vers l’avenir
La vision défendue par Yacine El-Mahdi Oualid repose sur une conviction : moderniser, numériser et rationaliser l’agriculture pour en faire un pilier de la croissance économique et un levier d’autonomie nationale.
La modernisation du secteur agricole apparaît désormais comme un enjeu de souveraineté, à la croisée des défis climatiques, technologiques et alimentaires.
L.R.



