À partir d’octobre 2025, l’Office national des statistiques (ONS) lancera l’une des enquêtes les plus ambitieuses jamais réalisées en Algérie sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages. S’étendant sur 13 mois et couvrant 540 communes à travers le pays, cette opération statistique vise à actualiser les données socioéconomiques essentielles à l’élaboration des politiques publiques et à la refonte des indicateurs de référence, dont le Produit intérieur brut (PIB).
Une boussole pour les réformes économiques et sociales
« Une politique publique efficace repose sur des données fiables, pas sur des hypothèses », a martelé ce dimanche la ministre haut-commissaire à la Numérisation, Meriem Benmouloud, en marge du lancement officiel d’une session de formation destinée aux enquêteurs et superviseurs, organisée à l’Université Alger 3.
L’enquête nationale s’inscrit dans une dynamique de réformes globales initiées par les autorités et vise à jeter les bases d’une nouvelle année de référence statistique, 2025, pour remplacer progressivement celles de 2001 et 2011.
« Il ne s’agit pas simplement de collecter des chiffres, mais de produire une lecture fine de la réalité algérienne pour mieux orienter les priorités nationales », a souligné la ministre.
Mobilisation massive et formation intensive
Pour garantir le sérieux et la rigueur de cette entreprise, pas moins de 400 agents ont été mobilisés, dont 308 enquêtrices, 84 contrôleurs, encadrés par 25 formateurs spécialisés de l’ONS. Ces effectifs ont été désignés en coordination avec le ministère de l’Intérieur, tandis que le ministère de l’Enseignement supérieur met à disposition ses infrastructures pour accueillir les formations.
Du 10 au 30 août, ces futurs enquêteurs suivent une formation intensive sur les fondamentaux de la statistique sociale : structure des ménages, niveaux de revenus, dépenses, modes de consommation, accès aux services publics, activité économique, etc. L’accent est également mis sur la communication avec les ménages et la maîtrise des outils numériques pour faciliter la collecte des données sur le terrain.
Avant le lancement officiel, une enquête pilote sera réalisée sur un échantillon restreint, afin de tester les dispositifs opérationnels, corriger les éventuelles failles et affiner les méthodologies.
Des données cruciales pour planifier et évaluer
Les objectifs de l’enquête sont multiples : mesurer les conditions de vie réelles des citoyens, comprendre l’impact des politiques économiques, évaluer le pouvoir d’achat, et repérer les inégalités régionales.
« Mieux comprendre le comportement des consommateurs, c’est mieux orienter la production, l’investissement, et les aides sociales. C’est aussi identifier les zones qui souffrent d’un déficit en infrastructures », a expliqué Benmouloud.
L’enquête permettra de fournir des indicateurs détaillés sur l’accès aux services essentiels — santé, éducation, logement, eau, électricité, gaz, Internet — et d’évaluer l’efficacité des programmes de soutien social.
Sur le plan macroéconomique, les résultats serviront à mettre à jour les comptes nationaux, recalibrer les agrégats économiques et renforcer la qualité des prévisions budgétaires.
Améliorer la visibilité internationale de l’Algérie
Au-delà de l’analyse nationale, cette enquête a aussi une dimension diplomatique et stratégique. En mettant à disposition des données fiables, précises et actualisées, l’Algérie espère améliorer son classement dans les indices internationaux — développement humain, pauvreté, gouvernance — pilotés notamment par les agences onusiennes.
« L’image d’une Algérie en marche, dotée d’une capacité de planification solide, renforcera sa crédibilité comme puissance régionale dynamique », a déclaré la ministre.
Une responsabilité nationale
Consciente de l’ampleur de la tâche, la ministre a appelé les participants à s’approprier pleinement leur mission :
« Vous êtes les architectes de cette grande photographie sociale de notre pays. Vos données façonneront les politiques de demain. »
En effet, dans un contexte économique marqué par l’inflation, les déséquilibres sociaux et les défis structurels, disposer de statistiques robustes devient un impératif. Cette enquête représente ainsi une étape stratégique vers un pilotage plus efficace des politiques publiques, et vers une vision plus transparente et moderne de la gouvernance économique et sociale en Algérie.
L.R.