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samedi 13 décembre 2025

Marché noir : L’euro reprend de l’ascenseur

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L’euro et les principales devises étrangères poursuivent leur danse incertaine sur le marché parallèle en Algérie. Après une hausse spectaculaire fin novembre, suivie d’une chute brutale sous les 280 dinars, la monnaie unique européenne a récemment retrouvé un niveau légèrement supérieur à 280 DA, à quelques jours des vacances d’hiver, période traditionnellement marquée par une demande accrue de devises étrangères.

Contrairement au marché noir, le marché officiel affiche une stabilité quasi totale. Ce mercredi 10 décembre, l’euro s’échangeait à 151,40 DA contre 151,34 DA la veille, tandis que le dollar US est resté légèrement sous les 130 DA. Cette différence entre marché officiel et parallèle illustre l’écart persistant entre les taux réglementés par l’État et ceux déterminés par la liquidité réelle et la demande sur le terrain.

Les facteurs structurels derrière les fluctuations

Plusieurs annonces récentes ont directement impacté le marché noir. D’abord, l’interdiction des importations groupées de véhicules d’occasion, décrétée le 24 novembre par le ministère du Commerce extérieur, a provoqué une chute soudaine de l’euro sur le marché parallèle. Cette mesure a frappé la filière des véhicules de moins de trois ans, très prisée par les Algériens, dont le règlement se fait souvent en devises achetées sur le marché parallèle.

Ensuite, l’allocation touristique, revue à la hausse depuis juillet 2025, a renforcé la demande de devises pour les voyages à l’étranger, notamment vers la Tunisie, destination privilégiée par les vacanciers algériens. Le montant de l’allocation a été porté à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs, et la Banque d’Algérie a rappelé qu’elle n’est payable qu’une fois par année de référence (du 20 juillet 2025 au 19 juillet 2026) et uniquement au bénéficiaire effectif. Toute tentative de détourner cette allocation est interdite et passible de sanctions.

Ces mesures expliquent les mouvements de va-et-vient observés sur le marché noir : une hausse de l’euro pour répondre à la demande accrue, suivie d’une chute liée aux restrictions sur l’importation de véhicules et aux contrôles sur l’usage des allocations touristiques.

Les fluctuations du dinar sur le marché parallèle reflètent des tensions plus profondes dans l’économie algérienne : une demande de devises qui dépasse l’offre officielle, une dépendance continue aux importations, et des comportements de spéculation amplifiés par l’incertitude réglementaire. Elles soulignent également la nécessité pour les autorités de concilier contrôle monétaire et besoins réels des citoyens, notamment dans les secteurs du tourisme et de l’automobile.

Depuis le 7 décembre, plusieurs bus de touristes algériens ont été bloqués aux frontières tunisiennes, la circulation nécessitant désormais une « autorisation de circulation internationale ». Cette mesure, combinée à la forte demande d’euro pour l’allocation touristique, maintient une pression constante sur le marché parallèle, où la monnaie européenne sert de baromètre de la confiance et des attentes des ménages algériens.

En définitive, l’évolution du dinar sur le marché noir illustre la complexité du système économique algérien : des mesures réglementaires, une demande accrue de devises, et un marché parallèle toujours réactif aux décisions officielles. La stabilisation durable de la monnaie nationale passe par une meilleure coordination des politiques monétaires, commerciales et touristiques, tout en réduisant la dépendance à l’importation et la spéculation sur le marché parallèle.

L.R.

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