Selon les dernières statistiques publiées par l’Office national des statistiques (ONS), l’économie algérienne a enregistré en 2024 une croissance réelle de 3,7 %, portant le produit intérieur brut (PIB) à 36 103,5 milliards de dinars, soit environ 269,3 milliards de dollars au taux de change courant.
Entre 2021 et 2024, le PIB nominal du pays a progressé de 43,5 %, un rythme soutenu qui illustre le dynamisme relatif de l’économie nationale malgré la volatilité des prix énergétiques et les incertitudes géopolitiques.
Secteur stratégique et pourvoyeur principal de devises, les hydrocarbures ont connu en 2024 un repli de 1,3 %, après une hausse de 3,6 % en 2023. La valeur ajoutée du secteur a chuté de 4,7 % en termes nominaux, à 6 133 milliards de dinars, dans un contexte marqué par la baisse des prix du pétrole.
Cette contraction s’explique surtout par le recul de 2,8 % de l’extraction, partiellement compensé par le redressement du raffinage (+3 %). Ce signal faible rappelle la dépendance structurelle de l’Algérie à un secteur vulnérable aux fluctuations internationales.
Hors hydrocarbures : l’économie montre ses muscles
À l’inverse, l’économie hors hydrocarbures a affiché une croissance de 4,8 %, supérieure à la moyenne globale. Plusieurs secteurs tirent cette progression :
- Industrie : +5,7 %
- Agriculture et pêche : +5,3 %
- Services : +4,6 %
Résultat : les services représentent désormais 47,2 % du PIB à prix courant, loin devant les hydrocarbures (17,9 %). L’agriculture et la construction suivent de près, avec respectivement 14,7 % et 14 %.
Ces chiffres traduisent une certaine diversification de l’économie algérienne, même si la base industrielle hors hydrocarbures demeure faible (4,9 % du PIB).
Commerce extérieur : retour au déficit
Le commerce extérieur a constitué le point noir de l’année 2024. Malgré les restrictions sur les importations, celles-ci ont bondi de 11,9 %, tandis que les exportations reculaient de 2,4 %. Résultat : l’Algérie renoue avec le déficit commercial.
Dans le détail :
- Exportations d’hydrocarbures : -1,9 %
- Exportations hors hydrocarbures : -20,8 % (après +4,8 % en 2023)
- Exportations de services : +14,3 % (fort redressement par rapport à 2023)
La chute des exportations hors hydrocarbures souligne la fragilité de la compétitivité algérienne à l’international et la difficulté à diversifier réellement les recettes en devises.
Un modèle de croissance sous contrainte
L’économie algérienne affiche donc en 2024 un paradoxe : des indicateurs de croissance encourageants et une contribution croissante des secteurs non pétroliers, mais une dépendance persistante aux hydrocarbures pour les recettes extérieures.
En dépit d’une dynamique interne positive, les déséquilibres du commerce extérieur et la volatilité des prix de l’énergie pèsent sur la soutenabilité du modèle. À moyen terme, la réussite de l’Algérie dépendra de sa capacité à renforcer la productivité agricole et industrielle, accroître la valeur ajoutée des exportations, et réduire sa vulnérabilité aux chocs énergétiques.
L.R.



