L’Algérie s’apprête à accueillir l’un des événements économiques majeurs du continent. Du 4 au 10 septembre, la capitale vibrera au rythme de la quatrième édition de la Foire du commerce intra-africain (IATF 2025). Une vitrine continentale où plus de 35.000 visiteurs issus de 80 pays et près de 2.000 entreprises exposantes sont attendus au Centre international des conférences (CIC) et au Palais des expositions des Pins maritimes.
Une mobilisation présidentielle
À deux jours de l’ouverture, le président Abdelmadjid Tebboune a lui-même présidé une réunion sur l’état d’avancement des préparatifs, confirmant la portée stratégique de l’événement. La capitale a adapté son plan de circulation et même fermé le centre de loisirs de Bouchaoui, voisin du CIC, pour fluidifier l’accueil des délégations. Objectif : faire de cette foire une réussite totale, à la mesure de l’ambition algérienne.
Un choix révélateur
Lancée en 2018 par Afreximbank, en partenariat avec l’Union africaine et le secrétariat de la ZLECAF, l’IATF a déjà fait étape en Égypte (2018 et 2023) et en Afrique du Sud (2021). Le choix de l’Algérie pour cette quatrième édition n’est pas anodin : troisième économie d’Afrique, le pays s’impose comme un acteur central de l’intégration continentale. Ses réformes économiques, ses infrastructures transfrontalières (route transsaharienne, liaison commerciale avec la Mauritanie, projet de gazoduc Nigeria–Algérie) et son activisme diplomatique en font un partenaire incontournable.
Des ambitions commerciales fortes
Au-delà de la vitrine, l’IATF 2025 vise des résultats concrets : des contrats estimés à 44 milliards de dollars devraient être signés. Une manne bienvenue pour un continent où les échanges intra-africains peinent à décoller : à peine 15 % du commerce total, malgré un marché potentiel de 1,4 milliard de consommateurs et un PIB cumulé de 3.500 milliards de dollars.
La ZLECAF en toile de fond
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), lancée en 2018 et ratifiée par l’Algérie en 2021, est au cœur des débats. Depuis novembre 2024, Alger applique officiellement ses engagements, ouvrant ses frontières commerciales à neuf partenaires africains (dont l’Égypte, le Kenya et la Tunisie). L’IATF se veut un catalyseur de cette dynamique, un espace où acheteurs et vendeurs africains peuvent concrétiser des affaires, selon Kebour Ghenna, directeur exécutif de la Chambre panafricaine de commerce et d’industrie.
Les freins à l’intégration
Mais les défis restent considérables. L’instabilité politique dans certaines régions, l’écart de développement entre économies, le manque d’infrastructures logistiques, les barrières tarifaires et administratives, ainsi que l’accès limité au financement freinent encore la pleine mise en œuvre de la ZLECAF. « Les disparités réglementaires, les lenteurs aux frontières et le déficit d’information entre marchés africains demeurent des obstacles majeurs », souligne Jacinta Kiruthi, directrice de l’Association panafricaine des PME.
L’Algérie en locomotive
En accueillant cette édition de l’IATF, Alger entend démontrer que l’intégration africaine n’est plus une utopie mais une trajectoire. L’événement offre à l’Algérie une opportunité stratégique : se positionner comme locomotive d’une Afrique unie et compétitive, capable de réduire sa dépendance aux marchés extérieurs et de valoriser son immense potentiel interne.
K.N.



