En marge de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), Algérie Poste, en coopération avec la Banque d’Algérie, a dévoilé pour la première fois une carte classique prépayée destinée aux participants et aux visiteurs internationaux. Présentée par l’opérateur postal comme une « carte moderne et sécurisée », elle est commercialisée sous forme de packs à plafond prédéterminé, permettant à l’utilisateur de choisir la formule la plus adaptée — pour effectuer des paiements ou des retraits. L’expérimentation débutera pendant la Foire, avant une généralisation prévue à l’échelle nationale dans les jours suivant l’événement.
Ce lancement dépasse le simple fait technique : il s’inscrit dans une logique de transformation des modes de paiement en Algérie. Voici une réécriture approfondie et exhaustive de l’annonce, enrichie d’un panorama des bénéfices économiques et financiers du recours massif aux paiements par carte.
Caractéristiques et déploiement
Selon le communiqué d’Algérie Poste, la carte prépayée est proposée en packs multiples avec un plafond déterminé (adapté aux besoins de courte durée des visiteurs ou aux usages réguliers des résidents) ; sert au paiement chez les commerçants équipés et au retrait aux guichets ou distributeurs compatibles ; et sera d’abord distribuée aux participants de l’IATF 2025, puis généralisée nationalement dans une deuxième phase.
La collaboration avec la Banque d’Algérie confère au projet une dimension réglementaire et systémique : l’émission encadrée par la banque centrale facilite la conformité, la sécurité et l’intégration progressive dans l’écosystème financier national.
Pourquoi cette carte est importante : bénéfices économiques et financiers
Inclusion financière et accès élargi aux services
La carte prépayée est un instrument particulièrement adapté aux personnes non bancarisées ou sous-bancarisées : elle ne requiert pas forcément un compte courant complet et permet un accès rapide aux services de paiement électronique. En démocratisant l’accès aux paiements numériques, Algérie Poste réduit les barrières à l’entrée vers des services financiers plus larges (épargne, micro-crédit, assurance), notamment pour les jeunes, les femmes et les populations rurales.
Réduction de l’économie de trésorerie (cash)
La substitution progressive de l’espèce par la carte diminue les coûts logistiques liés à la gestion du cash (Transport, sécurisation, comptage, recyclage des billets) ; les risques de vol et de fraude physique ; et les frictions temporelles (files, délais de traitement) pour les entreprises et les administrations.
Moins d’espèces en circulation facilite aussi la traçabilité des flux et la mise en œuvre de politiques publiques plus efficaces.
Formalisation de l’activité économique et recettes fiscales
Les paiements électroniques laissent une trace exploitable : cela aide à lutter contre l’économie informelle en rendant les transactions plus visibles pour l’administration fiscale. Sur le moyen terme, cette formalisation peut accroître les recettes fiscales et permettre une meilleure allocation des ressources publiques (santé, éducation, infrastructures).
Efficacité des transferts sociaux et des opérations publiques
L’utilisation de cartes prépayées pour les allocations, subventions et salaires permet de réduire les fuites (paiements fictifs, détournements) et d’accélérer la distribution. Les bénéficiaires reçoivent immédiatement et disposent d’une solution sûre pour dépenser ou retirer.
Dynamisation du commerce, du tourisme et de l’IATF
Pour les visiteurs internationaux et participants de la Foire, la carte offre une solution simple et sécurisée, réduisant la dépendance aux devises étrangères ou à l’échange d’espèces. Côté commerçants, l’acceptation des cartes augmente le volume des ventes, facilite l’achat impulsif et ouvre la porte à l’e-commerce.
Meilleure gestion monétaire et stabilité
La digitalisation des paiements permet à la Banque d’Algérie d’avoir une vision plus fine des flux monétaires, ce qui peut améliorer la transmission de la politique monétaire et la surveillance des risques systémiques (liquidité, concentrations de risques). Une économie mieux tracée est une économie plus résiliente face aux chocs.
Soutien aux PME et à l’innovation financière
Les petites entreprises tirent avantage des paiements par carte : réduction du besoin de fonds de roulement en espèces, simplification de la comptabilité, accès facilité à des services financiers (facturation électronique, prêt basé sur l’historique des transactions). À terme, l’écosystème peut s’enrichir d’offres complémentaires : portefeuilles mobiles, APIs pour intégration commerciale, services de paiements récurrents.
Gains environnementaux indirects
La diminution progressive de l’usage des billets et pièces peut réduire la production de monnaie physique et ses coûts environnementaux associés (fabrication, transport, recyclage), même si ces bénéfices restent secondaires par rapport aux impacts économiques directs.
Risques potentiels et mesures d’atténuation
La transition vers les paiements par carte comporte des défis. Voici les principaux et les réponses recommandées :
- Adoption marchande limitée : déployer massivement des terminaux de paiement (POS) et subventionner l’installation pour les petits commerçants ; proposer des incitations fiscales temporaires.
- Coût pour l’usager : fixer une tarification transparente et modérée pour éviter l’exclusion ; prévoir des packs à faible coût.
- Cybersécurité et fraude : mettre en place des normes strictes (cryptographie, authentification forte), surveillance des fraudes et mécanismes de remboursement rapide.
- Infrastructure et couverture : assurer la connectivité et des solutions hors-ligne pour les zones reculées ; prévoir des guichets postaux comme points de retrait.
- Éducation financière : campagnes d’information pour expliquer l’usage, les droits des consommateurs et la sécurité.
- Protection des données : règles claires de confidentialité et conformité aux standards nationaux.
Indicateurs de succès à suivre
Pour mesurer l’impact du programme, il est utile de suivre : le nombre de cartes émises et taux d’activation ; le volume et valeur des transactions par carte ; la part des paiements électroniques dans l’économie de détail ; le nombre de commerçants équipés en POS ; la réduction des coûts de gestion du cash pour l’État et les entreprises ; et l’évolution des recettes fiscales liées à la formalisation des transactions.
Le lancement de la carte prépayée classique par Algérie Poste, soutenu par la Banque d’Algérie, est plus qu’un produit : il constitue un levier stratégique pour accélérer l’inclusion financière, moderniser les modes de paiement et soutenir la formalisation économique. Bien conduite — avec attention à la cybersécurité, à la tarification et à l’accessibilité — cette initiative peut générer des gains durables pour les ménages, les entreprises et les finances publiques, tout en favorisant l’émergence d’un écosystème de paiements numériques moderne et résilient.
L.R.
