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Constantine
mardi 28 octobre 2025

Constantine : « Nidhalhoun », ode mémorielle aux infirmières révolutionnaires

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Sous la canopée sauvage de la forêt de Djebel Ouahch, à Constantine, le tournage de Nidhalhoun a commencé comme une cérémonie de mémoire. Le wali, Abdelkhalek Sayouda, a donné le coup d’envoi du plateau. À ses côtés : le président de l’Assemblée populaire de wilaya, le chef de daïra, le maire de Constantine et les directeurs de la culture, des moudjahidine, de la jeunesse et des sports, ainsi que le conservateur des forêts. La présence des institutions traduit la portée symbolique du projet : il s’agit moins d’un film que d’un acte de restitution historique.

Un décor vivant, forgé par des mains algériennes

La forêt n’est pas qu’un décor : elle est personnage. Au cœur du plateau, une maison en bois, conçue et réalisée par des artisans locaux, s’intègre au site avec la pudeur d’un objet retrouvé. Le wali a visité le plateau, assisté aux premières prises, et écouté l’équipe expliquer les choix de mise en scène. Les plans tournés ici cherchent l’authenticité — textures, lumières, bruissantes silhouettes d’arbres — pour rendre palpable l’intimité des femmes dont le récit s’empare.

Les héroïnes au premier plan

Nidhalhoun raconte Hadda — figure de transmission et d’engagement — qui forme un groupe de jeunes moudjahidate pour en faire des infirmières de terrain, les « houriyat » : des femmes soignant, cachant, prenant soin des blessés dans l’ombre des maquis. Le film fait le pari, rare et nécessaire, de placer la femme au cœur de l’action révolutionnaire : non pas en simple auxiliaire, mais en actrice autonome, détentrice de savoirs médicaux et de décisions décisives.

Un récit puisé dans la réalité

L’inspiration vient de la vie de la moudjahida-infirmière Amina Cherrad : parcours, choix, risques. Réalisé par Ahmed Riadh, produit par Belkacem Hadjaj et écrit par Hamza Mohamed Fouadhel, le long-métrage conjugue reconstitution historique et souffle romanesque. Il réinscrit dans la grande Histoire des trajectoires souvent cantonnées jusque-là aux marges des récits officiels.

Thématique et portée mémorielle

Le film se veut d’abord mémoriel : rendre visible ce qui a été soigneusement dissimulé par le temps et par les récits dominants. Il interroge la notion d’héroïsme — non plus l’éclat du combat armé mais la persévérance du soin, l’art de cacher une blessure, la décision de sauver au prix du silence. Nidhalhoun travaille la mémoire par le détail : une compresse, une phrase chuchotée, une route détournée. Ces éléments ordinaires deviennent, à l’écran, des instruments de résistance.

Un film engagé pour la reconnaissance

Au-delà de l’hommage, le projet porte une ambition civique : réhabiliter les noms, les gestes et les corps des femmes qui ont tenu la vie entre leurs mains. En restituant l’histoire des houriyat, le film engage une conversation nécessaire sur la place des femmes dans la mémoire nationale — reconnaissance, réparation, transmission aux nouvelles générations.

Poétique du soin, rigueur du récit

La mise en scène mêlera sobriété et poésie : plans larges sur la forêt, gros plans sur les mains qui pansent, scènes de nuit où la lumière d’une lampe chirurgicale évoque une étoile. Le ton promis est humble et puissant à la fois — un cinéma de l’intime qui rejoint la dimension collective de l’histoire.

Dans la palme des arbres, la caméra écoute. Dans le secret des pansements, l’histoire parle. « Nidhalhoun » veut que l’on n’oublie plus celles qui sauvèrent la Révolution en sauvant la vie.

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