Une foule dense, émue et recueillie, a accompagné hier, dimanche, au cimetière central de Constantine, Boubakeur Hamidechi, plus connu sous le nom de Bob, à sa dernière demeure. L’éminent journaliste, disparu à l’âge de 82 ans, laisse derrière lui une empreinte indélébile dans la mémoire collective du journalisme algérien.
Journalistes, amis, anciens compagnons de rédaction, personnalités du monde médiatique et simples lecteurs fidèles à sa plume — tous étaient présents pour rendre un ultime hommage à celui qui fut, durant plus de quatre décennies, l’une des plus grandes plumes de la presse nationale. Ce rassemblement massif, empreint de respect et de gratitude, traduisait la reconnaissance d’un pays envers un homme qui a fait du mot un acte de foi et du journalisme une mission.
Une atmosphère de recueillement et de respect
Sous un soleil automnal, la tristesse se lisait sur tous les visages. Le cortège avançait lentement, accompagné de silences lourds et d’émotions contenues. Ses enfants et petits-enfants, dignes et bouleversés, ont reçu les condoléances des nombreux amis et confrères venus saluer la mémoire d’un père attentif, d’un grand-père bienveillant et d’un homme de conviction.
Certains, la voix tremblante, ont évoqué ses valeurs humaines, son intégrité morale, sa fidélité à la vérité et son attachement profond à la liberté d’expression, qu’il considérait comme la respiration même de toute société démocratique.
Né à Constantine, Boubakeur Hamidechi fait partie des pionniers de la presse algérienne post-indépendance. Sa carrière débute en 1966 au quotidien En-Nasr, avant de s’étendre à plusieurs autres organes majeurs : l’Agence Algérie Presse Service (APS), l’hebdomadaire sportif El Hadef, puis des titres phares de la presse écrite indépendante tels que El Watan, El Acil, et Le Soir d’Algérie.
Il fut également directeur du journal régional “Les Nouvelles de l’Est”, où il a marqué toute une génération de jeunes journalistes par son exigence professionnelle et son sens aigu de la responsabilité éditoriale.
Connu pour son écriture limpide et incisive, il maniait la langue française avec élégance et conviction, transformant ses chroniques en leçons de journalisme. Ses éditoriaux, toujours argumentés et pénétrants, abordaient avec courage les enjeux politiques, sociaux et culturels du pays.
Un témoin de son temps, un passeur de mémoire
Tout au long de sa carrière, Bob a défendu une idée noble du métier : informer avec honnêteté, sans compromission ni artifice. Ses écrits, à la fois lucides et empreints d’humanité, ont accompagné les grandes étapes de l’histoire nationale, tout en gardant une distance critique et une profonde empathie pour les réalités sociales du peuple.
Il a publié un recueil de ses chroniques, témoignage précieux de son parcours et de son regard sur l’évolution du journalisme algérien.
Reconnu et respecté de tous, Boubakeur Hamidechi a reçu au fil des années plusieurs distinctions saluant sa contribution à la profession et à la formation des nouvelles générations. Ses anciens collaborateurs se souviennent d’un homme exigeant mais juste, d’un pédagogue passionné, et d’un esprit libre qui refusait les compromissions.
Quand le cercueil s’est refermé sur cette vie d’engagement et de passion, un long silence a enveloppé le cimetière. Silence d’admiration, de respect, mais aussi de promesse — celle de ne jamais oublier celui qui a incarné, avec droiture et lucidité, le meilleur visage du journalisme algérien.
Boubakeur Hamidechi s’en est allé, mais sa voix, ses mots et son héritage professionnel demeureront.
Dans la mémoire de ses pairs, il restera ce géant discret, cette conscience de la presse algérienne pour qui le métier n’était pas une carrière, mais un acte d’amour envers la vérité.
S.B.
