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samedi 6 décembre 2025

46 millions d’alevins : Cap sur l’autonomie bleue

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L’Algérie vient d’enregistrer une saison record avec l’introduction de 46 millions d’alevins dans ses eaux marines et douces — une hausse de 50 % par rapport aux campagnes précédentes. Ce bond traduit l’essor fulgurant du secteur de l’aquaculture, désormais pilier de la stratégie nationale de diversification économique et de sécurité alimentaire.

Selon Miloud Triâa, directeur général de la pêche et de l’aquaculture au ministère de l’Agriculture, le pays compte aujourd’hui 27 projets aquacoles marins en activité, auxquels s’ajoutent de nombreuses extensions portées par des investisseurs publics et privés.
Ces chiffres confirment une politique résolument tournée vers l’autosuffisance et la durabilité, avec l’ambition de réduire la dépendance vis-à-vis des importations de poissons d’eau douce.

Objectif : autonomie totale et exportation

Pour le responsable, la priorité est désormais de substituer totalement les importations par une production nationale maîtrisée, tout en préparant l’exportation vers les marchés voisins.
L’Algérie dispose, selon lui, de capacités naturelles et techniques permettant d’en faire un futur pôle régional de l’aquaculture, notamment dans les wilayas du Sud et de l’intérieur, avec en tête la wilaya de Chlef, devenue une référence nationale dans la pisciculture en eau douce.

Une stratégie intégrée et durable

L’État mise sur une approche à double dimension : préserver la ressource halieutique par une exploitation responsable, et renforcer la production aquacole en mer et en eau douce pour stabiliser l’approvisionnement du marché national.

« Cette politique durable garantit la pérennité des ressources et réduit la pression sur les zones de pêche traditionnelle », explique Triâa, soulignant que le tilapia rouge, la daurade et le loup de mer figurent parmi les principales espèces élevées.

Un tournant technologique et industriel

L’année en cours marque aussi une avancée majeure dans la maîtrise de la chaîne de valeur aquacole.
Des projets structurants sont engagés pour produire localement les alevins et les aliments pour poissons, afin de réduire la dépendance aux marchés internationaux.
« Nous investissons dans la fabrication nationale des intrants essentiels pour éviter tout risque de rupture d’approvisionnement », affirme le directeur général, précisant que de nouveaux sites d’écloserie et d’alimentation aquacole verront le jour d’ici 2026.

La coopération japonaise en renfort

Dans la même dynamique, l’Algérie s’apprête à lancer des projets pilotes de crevetticulture, en partenariat avec le Japon, après des essais concluants menés récemment.
Ces initiatives devraient être étendues à d’autres régions côtières et intérieures, ouvrant la voie à une diversification des produits aquacoles à forte valeur ajoutée.

Le ministère s’appuie sur les résultats du recensement agricole 2024, qui a permis de cartographier des milliers de bassins d’irrigation susceptibles d’accueillir des unités de production aquacole.
Ces infrastructures serviront de base au déploiement de petites coopératives, réunissant agriculteurs, jeunes entrepreneurs et diplômés des instituts de la pêche.
Le prochain budget 2025 introduira un dispositif d’incitations destiné à encourager l’investissement local, incluant les femmes au foyer, pour renforcer leur intégration dans la dynamique de production.

Cette montée en puissance du secteur sera mise en lumière lors du 10? Salon international de la pêche et de l’aquaculture, prévu du 6 au 9 novembre à Oran.
L’événement, qui accueillera 180 exposants de 17 pays, dont le Sultanat d’Oman comme invité d’honneur, mettra à l’honneur 38 start-up algériennes et 10 ateliers scientifiques dédiés à la durabilité des ressources et à la transformation aquacole.
Pour Miloud Triâa, ce rendez-vous sera « une vitrine des réussites algériennes et un carrefour d’innovation et de partenariat international ».

À travers ces initiatives, l’Algérie trace les contours d’une économie bleue intégrée, alliant performance environnementale, inclusion sociale et souveraineté alimentaire.
En combinant investissements, transfert de technologies et gouvernance rigoureuse, le pays entend ériger la pisciculture et l’aquaculture en nouveau moteur de croissance durable.

46 millions d’alevins : un chiffre qui ne symbolise pas seulement une saison record, mais l’amorce d’un modèle économique fondé sur la mer, l’eau douce et l’autonomie.

L.R.

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