Le premier Congrès national sur les “ Phages et autres solutions innovantes pour combattre la résistance aux antibiotiques : perspectives et défis ” s’est ouvert hier à la salle de conférence 500 places- Campus Tidjani Haddam de l’Université Frères Mentouri Constantine 1. L’événement a mis en lumière la phagothérapie, les nouvelles stratégies antimicrobiennes ainsi que les nanotechnologies, une alternative thérapeutique à la fois ancienne et prometteuse dans la lutte contre la bactériorésistance.
C’est le professeur Foudil Khelifa, du Laboratoire médical Ibn Sina, Faculté de médecine de Constantine, qui a animé la première conférence plénière, intitulée “ Virus…” offrant à l’auditoire une introduction claire et accessible sur la notion de virus, leurs caractéristiques fondamentales et les différents types existants.
Le même intervenant a également expliqué comment ces micro-organismes se multiplient, interagissent avec les cellules hôtes et peuvent être à l’origine de diverses maladies, tout en soulignant leur rôle potentiel dans certaines applications médicales et biotechnologiques.
En conclusion, le Pr Khelifa a rappelé que les virus sont des entités complexes, à la frontière du vivant, capables de détruire, mais également capables d’aider, une formule qui illustre la dualité de ces micro-organismes et l’intérêt croissant qu’ils suscitent dans le monde scientifique, entre menace et potentiel.
Regain d’intérêt pour la phagothérapie
De son côté, la présidente du congrès, Dr. Karima Boubekri, du Laboratoire de biologie moléculaire et cellulaire de l’Université Frères Mentouri, a souligné dans une déclaration au “ Quotidien de Constantine ” que la phagothérapie connaît un regain d’intérêt scientifique à travers le monde. Selon elle, cette méthode refait surface surtout avec la montée de la résistance bactérienne qui rend le traitement des infections de plus en plus difficile.
La chercheuse a précisé que cette approche, longtemps délaissée après l’avènement des antibiotiques, représente aujourd’hui une alternative sérieuse pour combattre des souches bactériennes devenues insensibles aux traitements conventionnels. En exploitant le pouvoir bactéricide naturel des phages, cette stratégie offre, a-t-elle souligné, une solution précise, adaptable et respectueuse de l’environnement face à la résistance antimicrobienne.
Lors de son exposé intitulé : “ De la biosphère à la thérapie : explorer les bactériophages comme armes contre la résistance ”, Mme Boubekri a présenté leur projet de recherche, dont l’objectif principal est l’isolation et la caractérisation de phages virulents pour prévenir la formation de biofilms. Elle a expliqué que l’équipe de chercheurs vise à identifier des bactériophages provenant de différentes niches écologiques, en utilisant des souches bactériennes pathogènes comme hôtes, afin de constituer une banque de phages thérapeutiques pouvant être mobilisée contre les bactéries multirésistantes et celles capables de produire des biofilms. Cette initiative ouvre ainsi la voie à des solutions innovantes et ciblées face à des infections difficiles à traiter.
Le programme de ce congrès national, qui se poursuivra aujourd’hui, a réuni universitaires, chercheurs, cliniciens, professionnels et étudiants de master et doctorat afin d’échanger et de présenter leurs travaux de recherche autour de trois thématiques principales : les bactériophages et leurs hôtes : de l’environnement à la phagothérapie, la résistance aux antibiotiques : état des lieux et perspectives ainsi que les nanoparticules innovantes pour combattre la résistance antimicrobienne. Ces avancées promettent de traduire la recherche en solutions concrètes pour les infections complexes, renforçant ainsi l’impact de l’innovation scientifique sur la santé publique en Algérie, à condition que le cadre réglementaire et les ressources nécessaires permettent leur mise en œuvre effective.
Soumeya B.M
