L’artisanat et les métiers traditionnels se positionnent comme un pilier stratégique de l’économie nationale, alliant création d’emplois, dynamisation des territoires et préservation du patrimoine culturel. Entre politiques publiques ambitieuses, modernisation numérique et ouverture internationale, le secteur affiche des ambitions inédites : plus d’un million d’emplois aujourd’hui, avec l’objectif d’en générer deux millions d’ici 2030.
Selon Azzedine Kali, directeur général de la Direction générale des industries traditionnelles et de l’artisanat, le secteur génère actuellement plus d’un million trente mille emplois, issus d’environ 470 000 activités artisanales sur les 58 wilayas. Cette dynamique démontre que l’artisanat constitue un moteur de développement local et durable, capable de stabiliser les populations grâce à des emplois accessibles et résilients.
Près de 49 % des artisans exercent dans les services — plomberie, bâtiment, menuiserie ou ferronnerie — illustrant la dimension hybride du secteur. « Ces métiers créent des emplois de proximité et assurent une continuité économique dans les territoires », souligne M. Kali.
Transmission, culture et patrimoine vivant
L’artisanat est également le gardien d’un patrimoine vivant. Les produits artisanaux reflètent des savoirs-faire régionaux, des symboles culturels et des identités locales, participant à la richesse culturelle et touristique du pays. Le secteur est soutenu par des dispositifs d’accompagnement pour les jeunes artisans : formations spécialisées, programmes d’entrepreneuriat et aides à la création d’ateliers, assurant la pérennité des petites entreprises artisanales.
Numérisation et modernisation
La transformation digitale est au cœur de la stratégie. Selon Abdelkrim Berki, directeur général de la CNAM, la numérisation « bat son plein » avec la carte d’artisan électronique équipée d’un QR code, permettant de tracer le parcours professionnel de chaque artisan, de collecter des statistiques fiables et d’anticiper les activités en difficulté.
Berki insiste sur la nécessité de concilier authenticité et innovation : « L’artisan doit préserver l’identité de son produit, tout en y ajoutant une touche de design et de modernité pour l’ouvrir aux marchés internationaux. »
La stratégie nationale inclut l’ouverture internationale et la protection des produits. Deux labels nationaux sont prévus : “industrie traditionnelle algérienne”, pour certifier la qualité au niveau national, et “industrie traditionnelle algérienne — produit de région”, pour valoriser les savoir-faire locaux.
Ces labels renforceront la crédibilité des produits et protègeront les artisans contre la contrefaçon. La qualité des matières premières et le suivi des unités de production seront assurés en coordination avec les chambres de l’artisanat, le Fonds national d’appui aux artisans et le ministère du Commerce extérieur.
La 26e édition du SIAT, du 9 au 15 novembre 2025, est un moment clé pour la promotion du secteur. Placé sous le thème « L’artisanat traditionnel algérien : héritage, authenticité et créativité artistique », il coïncide avec la Journée nationale de l’artisan.
La manifestation accueillera 334 artisans, dont 70 étrangers venus de 12 pays, avec la participation des ministères de la Formation professionnelle, des Start-up et de l’Enseignement supérieur. Trois journées d’études enrichiront les activités commerciales. Des bus gratuits permettront au public de découvrir le potentiel de l’artisanat algérien.
Plan d’action gouvernemental 2025?2030
Le gouvernement a défini un cadre stratégique ambitieux pour accompagner l’essor du secteur sur la période 2025?2030 :
- Création de 700 000 artisans supplémentaires, visant 2 millions d’emplois et une contribution au PIB de plus de 400 milliards de dinars.
- Mise en place d’une commission tourisme?artisanat pour développer les capacités productives, renforcer la compétitivité, soutenir l’investissement et l’exportation.
- Transformation numérique du secteur, avec la formation de 500 000 spécialistes TIC, modernisation de l’administration, digitalisation des filières artisanales et meilleure traçabilité des produits.
- Développement des infrastructures et dispositifs financiers, notamment le microcrédit, pour soutenir la pérennité des ateliers et faciliter l’accès aux marchés internationaux.
- Renforcement de la gouvernance et de l’encadrement professionnel, via les chambres de l’artisanat et les programmes de formation spécialisés.
Entre digitalisation, labellisation et ouverture internationale, l’artisanat algérien se transforme, conciliant patrimoine, modernité et performance économique. L’objectif est que ces ambitions se traduisent par une amélioration tangible des conditions de vie et de travail des artisans, consolidant le rôle du secteur comme moteur de croissance durable pour l’Algérie.
L.R.



