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vendredi 5 décembre 2025

 L’Algérie passe à l’offensive et opère son virage pharmaceutique

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Lors d’une interview accordée au programme «?invité du matin?» de la Chaîne I, Nasser Hemani, inspecteur général du ministère de l’Industrie pharmaceutique, a dressé un bilan chiffré et sans ambiguïté : l’Algérie a dépassé la pénurie de médicaments, dispose d’une capacité industrielle significative et engage d’importants projets pour réduire sa dépendance aux importations et conquérir des marchés africains.

Un parc industriel concret : 230 entreprises et 780 lignes de production

Selon M. Hemani, le tissu industriel pharmaceutique algérien compte aujourd’hui plus de 230 établissements et près de 780 lignes de production. Ces chiffres — rarement atteints dans la région — constituent, d’après lui, la base matérielle qui permet à l’Algérie d’aspirer au statut de pôle pharmaceutique pour l’Afrique du Nord, le bassin méditerranéen et le continent.

100 projets nouveaux pour renforcer la production locale

Le ministère a enregistré 100 nouveaux projets de production pharmaceutique destinés à diversifier l’offre et améliorer la qualité des produits locaux. Ces projets couvrent plusieurs segments, depuis la fabrication d’insuline sous format stylo jusqu’à des molécules oncologiques et la production des principes actifs.

Réduire la facture d’importation : de 2 milliards à ~1 milliard de dollars

Le basculement stratégique amorcé depuis la création d’un ministère dédié à l’industrie pharmaceutique en 2020 a, selon Hemani, porté ses fruits : la facture annuelle d’importation de médicaments est passée d’environ 2 milliards de dollars à près de la moitié de ce montant. Cette baisse est attribuée au «?tôt?» rapatriement de productions sensibles — notamment l’insuline et certains médicaments anticancéreux — et laisse entrevoir de nouvelles économies lorsque la production locale d’hormones débutera.

Autonomie sur l’insuline et montée en puissance sur les traitements anticancéreux

L’Algérie revendique une autosuffisance pour les stylos d’insuline « au format complet », avec une couverture intégrale des besoins nationaux. Par ailleurs, des lignes de production locales fabriquent déjà plusieurs médicaments anticancéreux, et des capacités supplémentaires sont en préparation pour augmenter progressivement l’offre dans ce segment critique.

Investissements stratégiques : usines, laboratoires et matières premières

Parmi les projets dévoilés, on cite un nouveau site de production de solutions injectables (dédié aux médicaments liquides), un laboratoire spécialisé dans la fabrication d’hormones, prévu à Constantine en partenariat avec un groupe pharmaceutique international (nom du partenaire à confirmer à l’issue des négociations). Et un projet de production de principes actifs anti-cancéreux à Sétif — une initiative qui vise à réduire la dépendance aux importations de matières premières pharmaceutiques.

Ces développements ciblent la maîtrise de la chaîne de valeur pharmaceutique, de la matière première au produit fini.

Distribution : nouveau cahier des charges en attente d’homologation

Hmani a rappelé que la logistique et la distribution constituent « la pierre angulaire » du secteur. Le ministère a finalisé un nouveau cahier des charges pour les réseaux de distribution pharmaceutique ; le texte a été transmis à l’instance gouvernementale compétente (secrétariat général du gouvernement) pour examen et approbation avant publication.

Diplomatie pharmaceutique : vers une présence accrue en Afrique

L’Algérie a récemment accueilli pour la première fois un forum ministériel africain sur l’industrie pharmaceutique, rassemblant des délégations de 29 pays. Le sommet s’est soldé par la signature de la «?Déclaration d’Alger?», qui fixe comme objectif collectif d’accroître la production pharmaceutique africaine de 5 % aujourd’hui à 50 % d’ici 2035.

Résultats concrets du sommet :

  • Contrats commerciaux d’une valeur totale annoncée de 10 millions de dollars avec la Sénégal et la Tanzanie pour l’exportation de produits algériens.
  • Un contrat supplémentaire d’exportation d’environ 1 million de dollars avec la République du Congo.
  • Engagements de coopération pour la formation de cadres africains dans les universités algériennes, renforçant l’axe formation/industrie voulu par Alger.

Hemani insiste sur le fait que ces accords traduisent une confiance croissante des pays africains dans la qualité des produits pharmaceutiques algériens et marquent un premier pas vers la régionalisation des chaînes d’approvisionnement.

Le responsable a souligné que la montée en gamme de l’industrie ne saurait durer sans compétences. Les entreprises locales coordonnent désormais avec l’enseignement supérieur l’ouverture de spécialités universitaires ciblées et avec la formation professionnelle la préparation de techniciens qualifiés, afin d’assurer une main-d’œuvre capable d’opérer sur des lignes de production modernes et sur des procédures réglementaires exigeantes.

L’Algérie mise sur trois leviers : industrialisation (infrastructures), transfert technologique (partenariats internationaux) et capital humain (formation). La trajectoire est ambitieuse : transformer une position de consommateur net en une plateforme régionale d’offre pharmaceutique, capable d’assurer l’approvisionnement national, de limiter la facture d’importation et de conquérir des marchés continentaux.

L.R.

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