Face à des perspectives de reprise de la demande mondiale en hydrocarbures, l’Algérie renforce sa présence sur le marché pétrolier international.
Réunis par visioconférence ce samedi 31 mai, les ministres du Pétrole de huit pays membres de l’alliance OPEP+, dont l’Algérie, ont entériné une nouvelle augmentation concertée de leur production de brut. À compter de juillet 2025, Alger portera sa production quotidienne à 936.000 barils, confirmant ainsi son ambition de consolidation énergétique.
Un ajustement progressif et stratégique
Cette décision, qui s’inscrit dans une dynamique collective d’assouplissement des restrictions de production, intervient dans un contexte où le prix du baril peine à se maintenir autour des 60 dollars. Les membres de l’alliance – parmi lesquels l’Arabie saoudite, la Russie, les Émirats arabes unis ou encore le Kazakhstan – ont convenu d’un ajustement global à la hausse de 411.000 barils par jour à partir de juillet prochain, selon un communiqué du ministère algérien de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables.
Pour l’Algérie, ce nouveau quota représente une hausse de 8.000 barils/jour, venant s’ajouter à l’augmentation de 9.000 barils/jour obtenue début mai pour le mois de juin, et qui portait déjà sa production à 928.000 barils. Une trajectoire ascendante qui reflète non seulement les engagements d’Alger au sein de l’OPEP+, mais aussi sa volonté de soutenir le lancement progressif de nouveaux champs pétroliers.
Entre prévoyance et stratégie de reconquête
L’alliance OPEP+ amorce ainsi un tournant stratégique, après plusieurs années de réductions volontaires destinées à stabiliser les cours mondiaux. Aujourd’hui, face à une demande attendue en hausse pendant la période estivale, les producteurs semblent chercher à regagner des parts de marché, tout en demeurant vigilants sur le respect des quotas et des mécanismes de compensation pour les dépassements antérieurs.
Selon les autorités algériennes, cette montée en puissance de la production « contribuera à améliorer la rentabilité des projets en cours et à optimiser l’exploitation des ressources nationales », dans un environnement énergétique où la pression concurrentielle reste forte.
Un suivi mensuel scruté de près
Les ministres participants ont convenu de maintenir un rythme mensuel de concertation, afin de surveiller l’évolution du marché et d’assurer un respect rigoureux des engagements convenus. Leur prochaine réunion est prévue le 6 juillet, au moment où les premières données estivales permettront de mesurer l’impact réel de ces ajustements sur l’équilibre offre-demande.
Des incertitudes géostratégiques aux leviers d’influence énergétique
À l’horizon 2025, les prévisions géostratégiques du marché pétrolier demeurent marquées par une forte volatilité, alimentée par les tensions persistantes au Moyen-Orient, la guerre en Ukraine, ainsi que par la stratégie énergétique de la Chine et de l’Inde, toujours en quête de sécurisation de leurs approvisionnements. L’équilibre du marché pourrait également être fragilisé par un retour progressif de certains producteurs hors-OPEP+ – notamment les États-Unis avec leur production de pétrole de schiste – susceptibles de capter des parts de marché à mesure que les prix remontent.
Dans ce contexte, l’OPEP+ cherche non seulement à ajuster son offre avec souplesse, mais aussi à préserver son rôle d’acteur pivot dans la régulation du marché mondial. Pour des pays comme l’Algérie, cela implique de conjuguer diplomatie énergétique, attractivité des investissements et modernisation de l’appareil de production afin de rester compétitifs face à une reconfiguration géoéconomique en cours.
L.R.



