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mardi 16 décembre 2025

L’Algérie trace sa voie vers l’autosuffisance en blé dur en 2026

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C’est une promesse de souveraineté alimentaire que le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Youcef Cherfa, a formulée ce samedi à Chlef : l’Algérie ambitionne de couvrir la totalité de ses besoins en blé dur dès 2026, mettant ainsi fin à sa dépendance aux marchés internationaux pour cette céréale stratégique.

Cette annonce, faite à l’occasion du lancement de la campagne nationale de moisson-battage dans les wilayas du Nord et des Hauts-Plateaux, traduit une volonté politique claire : renforcer la sécurité alimentaire du pays à travers une agriculture nationale performante, diversifiée et mieux structurée.

S’exprimant devant des agriculteurs et responsables locaux, le ministre a souligné le caractère « prometteur » de la saison agricole 2024/2025, précisant que les prévisions de récolte en blé dur permettront non seulement de répondre à la demande intérieure, mais également de renoncer à toute importation pour l’année 2026.

Cette perspective s’inscrit dans la vision stratégique du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a fait de la souveraineté alimentaire l’un des piliers de son programme économique. Le ministre s’est voulu rassurant : « Les objectifs sont à notre portée, et les indicateurs sont positifs sur l’ensemble du territoire national. »

Une dynamique céréalière portée par le Sud

Le Sud du pays, longtemps perçu comme une zone secondaire dans le paysage céréalier, est aujourd’hui présenté comme un réservoir de performance. Des rendements remarquables y ont été enregistrés, dépassant les 55 quintaux par hectare, avec des pics atteignant 80 quintaux dans certaines exploitations. « Ce sont des résultats excellents, fruits d’un travail soutenu et de l’accompagnement technique des services agricoles », a salué le ministre.

L’orge, autre pilier des cultures stratégiques, suit une trajectoire ascendante. La production actuelle permettrait de couvrir une large période de l’année prochaine, marquant une nette amélioration par rapport aux années précédentes.

Colza et soja : la diversification agricole en action

Au-delà des céréales, l’Algérie avance prudemment mais résolument vers une diversification de son modèle agricole, notamment à travers les cultures dites industrielles. Le colza, désormais cultivé sur plus de 21 000 hectares, illustre cette dynamique. Grâce aux unités de trituration déjà opérationnelles sur le territoire, cette culture contribuera à réduire la facture d’importation des huiles alimentaires tout en stimulant la filière locale de l’agrotransformation.

Le soja, quant à lui, fait l’objet d’une première expérience sur 100 hectares. Bien que modeste en termes de surface, l’initiative revêt une portée stratégique. Le ministre a plaidé pour un élargissement de sa culture, soulignant que le soja peut alimenter plusieurs filières simultanément : production d’huile, alimentation animale, voire même industrie pharmaceutique à terme.

Autre dossier majeur évoqué : la régularisation du foncier agricole, longtemps freinée par des complexités juridiques et administratives. M. Cherfa a annoncé l’entrée en vigueur d’une circulaire interministérielle, élaborée en coordination avec les ministères de l’Agriculture, des Finances, de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire. Cette mesure vise à résoudre plus de 90 situations problématiques recensées à l’échelle nationale, et à permettre une exploitation plus rationnelle des terres agricoles.

« Ce chantier est fondamental pour libérer les énergies productives et sécuriser les investissements agricoles », a-t-il insisté.

Au terme de son intervention, le ministre a rappelé que l’agriculteur est le premier acteur du développement rural, et que l’administration a pour mission de l’accompagner, de le former et de lui ouvrir les voies de la modernisation.

Avec une stratégie articulée autour de la performance, de la diversification et de la gouvernance foncière, l’Algérie semble se donner les moyens de ses ambitions agricoles. Si les conditions climatiques restent favorables et que les réformes engagées se poursuivent, le pari de l’autosuffisance pourrait bien se concrétiser à l’horizon 2026.

S.B.

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