Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a inauguré, ce lundi, la Foire Internationale d’Alger, FIA, et a visité les différents pavillons dont notamment ceux du ministère de la Défense nationale où il a salué l’essor de l’industrie militaire et manufacturière algérienne.
Visitant les différents pavillons du ministère de la Défense nationale, accompagné par général d’Armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP, le Président a reçu des explications détaillées sur les avancées significatives réalisées par l’Algérie dans le domaine des industries militaires et manufacturières.
Le chef de l’État s’est rendu notamment au pavillon de la Direction des industries militaires, où il a été informé des capacités de production et des projets en cours au service de la souveraineté industrielle nationale, puis au pavillon de l’Établissement des constructions mécaniques de Khenchela, une structure stratégique dédiée à la fabrication de véhicules et équipements militaires, puis encore le pavillon du Groupe de l’industrie mécanique (GPIM).
Le chef de l’État a également marqué un arrêt au pavillon du Commandement des forces navales, le pavillon de l’établissement central de rénovation des équipements de télécommunication où il a salué les efforts entrepris dans la maintenance et la modernisation du matériel de l’armée.
Poursuivant sa visite, le président Tebboune s’est enquit des activités l’office national des explosifs (ONEX), ainsi que des travaux menés par l’Institut national de cartographie et de télédétection, acteur clé de la géomatique militaire.
En plus du domaine strictement militaire, le président a également accordé une attention particulière à des entreprises industrielles civiles relevant du ministère de la Défense.
Il a notamment visité le stand de l’entreprise VMS, spécialisée dans la fabrication de motos et scooters, où il a pu découvrir les derniers modèles produits localement.
Il s’est également arrêté au pavillon de GETEX, la holding spécialisée dans l’industrie du textile et du cuir, où il a été informé des projets en cours et à venir visant à renforcer la production nationale de vêtements et d’articles en cuir, à usage civil et militaire.
Construire des partenariats « gagnant-gagnant »
Cela dit, pour l’économiste Abdelrahmane Hadef, la 56e Foire internationale d’Alger reflète une étape charnière dans le processus de réforme économique nationale et marque une rupture avec l’ancien modèle de croissance.
Alors que l’Algérie poursuit son chemin vers un modèle économique plus diversifié et résilient, la 56e édition de la Foire internationale d’Alger (FIA) s’ouvre cette semaine dans un contexte porteur de changements structurels.
Intervenant lundi matin sur les ondes de la radio algérienne (Chaîne 1), l’expert en développement économique Dr Abdelrahmane Hadef a souligné l’importance symbolique et stratégique de cette édition 2025, placée sous le haut patronage du président de la République.
Pour l’économiste, la FIA ne se résume plus à une simple vitrine du produit national. Elle s’est muée en véritable plateforme d’expression de la nouvelle vision économique de l’Algérie, amorcée depuis 2020 à travers une série de réformes ambitieuses.
« Cette foire est l’occasion d’illustrer sur le terrain la volonté politique de faire émerger un modèle de croissance intégré, productif et durable, en phase avec les mutations économiques mondiales », a-t-il expliqué.
Dans ce cadre, l’édition 2025 intervient dans un moment clé, marqué par l’accélération de la production locale, notamment dans des secteurs à fort potentiel comme l’industrie, l’agriculture, les services numériques et l’économie de la connaissance.
L’intégration aux chaînes de valeur mondiales, un cap assumé
Selon M. Hadef, l’un des principaux objectifs du nouveau modèle économique algérien consiste à s’insérer durablement dans les chaînes de valeur internationales. Cela passe nécessairement par une amélioration de la performance commerciale extérieure et une diversification accrue des sources de revenus, en rompant progressivement avec la dépendance aux hydrocarbures.
« Il s’agit d’asseoir une économie compétitive, capable d’exporter des biens et services à haute valeur ajoutée », a-t-il précisé.
L’édition 2025 de la FIA constitue également un levier pour élargir le spectre des partenariats économiques et industriels, en particulier avec les pays partageant une vision complémentaire du développement.
À ce titre, le choix du Sultanat d’Oman comme invité d’honneur n’est pas anodin. Les relations économiques entre Alger et Mascate connaissent un essor soutenu, renforcé par des visites de haut niveau et la signature d’accords d’investissement bilatéraux.
Le Dr Hadef note également un potentiel de coopération renforcé avec des partenaires comme le Qatar, la Turquie, la Chine ou les États membres de l’Union européenne, sur la base d’intérêts mutuels équilibrés.
L’urgence de parachever les réformes
Si les fondations ont été posées, les défis restent nombreux, souligne l’expert. En priorité : l’accélération des réformes liées aux infrastructures logistiques, maillon essentiel de toute stratégie de transformation économique.
Il rappelle à ce propos les avancées notables enregistrées, notamment :
- La promulgation de la nouvelle loi sur l’investissement ;
- La mise en place du guichet unique pour les investisseurs ;
- La création d’un ministère dédié au commerce extérieur ;
- Et l’institution de deux agences spécialisées pour l’export et l’import.
« Tous ces dispositifs convergent vers un objectif commun : offrir aux opérateurs économiques un environnement structuré, propice à la croissance », insiste-t-il.
Stimuler l’investissement productif
Le Dr Hadef a également salué le rôle de l’Agence nationale de promotion de l’investissement (ANPI), notamment dans le traitement du dossier complexe du foncier industriel, qu’il qualifie de déterminant pour l’attractivité du pays.
Il plaide en faveur d’une stratégie nationale claire en matière de foncier économique, adossée à des mécanismes souples, afin de faciliter l’implantation des projets industriels et commerciaux.
Numérisation et logistique : deux chantiers prioritaires
Parmi les principaux défis pointés du doigt par l’expert : le retard dans la transformation numérique et la faiblesse des infrastructures logistiques.
« Pour atteindre les objectifs fixés par le président de la République, notamment porter l’industrie à 15 % du PIB, l’agriculture à 20 % et les services numériques à un niveau équivalent, il est impératif d’opérer un saut qualitatif dans ces deux domaines », affirme-t-il.
Il alerte par ailleurs sur le coût élevé de la logistique en Algérie, estimé à 40 % actuellement, contre une moyenne internationale de 15 %. Un écart qui pèse lourdement sur la compétitivité à l’export, et qui appelle à une refonte en profondeur de l’organisation logistique nationale.
Une foire qui reflète les ambitions d’un pays en mutation
En définitive, la 56e Foire internationale d’Alger se veut le reflet des ambitions économiques d’une Algérie en pleine mutation. Plus qu’un événement commercial, elle devient un outil stratégique de projection, au service d’un développement durable, ouvert et souverain.
« Le chemin est encore long, mais les fondations sont là. À nous de bâtir sur cette dynamique pour faire entrer l’économie algérienne dans une nouvelle ère », conclut le Dr Hadef.
L.R.



