La saison estivale, synonyme de chaleur et de sécheresse, rime malheureusement avec recrudescence des incendies de forêts. Face à cette menace récurrente, l’État algérien a choisi la fermeté : toute atteinte au patrimoine forestier est désormais considérée comme un acte criminel. Une évolution législative majeure qui inscrit la protection des ressources naturelles au cœur des priorités nationales.
Une interdiction formelle en vigueur depuis le 1er juin
Depuis le début du mois de juin, il est strictement interdit d’allumer un feu dans ou à proximité d’un espace forestier sur l’ensemble du territoire national. À cet effet, les services des différentes wilayas ont émis des arrêtés interdisant tout acte susceptible de provoquer un départ de feu, que ce soit par négligence ou de manière intentionnelle.
Cette mesure de prévention s’inscrit dans une politique nationale de lutte renforcée contre les feux de forêts, en particulier durant les mois les plus à risque. Elle concerne aussi bien les citoyens que les agriculteurs, les randonneurs, ou encore les collectivités locales.
Une loi pour criminaliser les incendies volontaires
Mais la véritable rupture est intervenue avec la promulgation de la loi 23-21 du 24 décembre 2023, relative aux forêts et aux richesses forestières. Celle-ci ne se limite pas à un simple encadrement administratif de la gestion forestière : elle érige désormais les incendies volontaires en crimes, exposant leurs auteurs à des peines extrêmement lourdes.
Invité ce mardi matin de l’émission L’invité du jour sur la Radio algérienne Chaîne III, Mohamed-Kamel Touidjini, procureur général adjoint près la Cour d’Alger, a expliqué que la nouvelle législation prévoit des peines allant de trois ans de prison ferme à la réclusion criminelle à perpétuité, voire la peine capitale en cas de pertes humaines.
« Le législateur a introduit un dispositif juridique global visant à protéger le domaine forestier, la faune, la flore, et à criminaliser toute atteinte à ces richesses naturelles », a-t-il précisé au micro de la radio nationale.
Des poursuites judiciaires centralisées et spécialisées
Désormais, toute affaire liée à un incendie de forêt d’origine criminelle est traitée au sein des sections spécialisées du parquet de Sidi M’hamed, compétentes en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Et ce, peu importe la région où le feu a été déclenché.
Ce changement de juridiction témoigne de la gravité avec laquelle les autorités judiciaires considèrent ces actes, souvent prémédités, organisés ou à forte dimension destructrice.
Une réponse à des drames récurrents
Ces dernières années, l’Algérie a été confrontée à des feux de forêts d’une ampleur dramatique, causant des dizaines de morts, notamment parmi les civils et les membres de la Protection civile. Les pertes en biodiversité, en surfaces boisées, en terres agricoles, sans oublier les habitations détruites, ont convaincu les pouvoirs publics de durcir la législation.
La loi 23-21 est ainsi née de la nécessité de mettre fin à un phénomène devenu une menace nationale, voire un outil de sabotage économique et écologique dans certains cas.
Un appel à la vigilance citoyenne
Outre le volet répressif, les autorités misent également sur la sensibilisation du public. Les citoyens sont appelés à faire preuve de responsabilité, à signaler tout départ de feu et à éviter tout comportement à risque, même involontaire. Car dans ce domaine, la moindre étincelle peut devenir un brasier meurtrier.
Le message des pouvoirs publics est désormais clair : toute personne qui met en péril la forêt algérienne répondra de ses actes devant la justice comme pour tout crime grave. À l’heure où les enjeux climatiques et environnementaux sont cruciaux, l’Algérie inscrit la protection de ses écosystèmes au cœur de sa souveraineté nationale.
L.R.



