Depuis 2020, plus de 415 000 micro-entreprises ont vu le jour en Algérie, bénéficiant d’un financement étatique global estimé à plus de 2 000 milliards de dinars, soit en moyenne 5 millions de dinars par projet. C’est ce qu’a révélé Bilal Achacha, directeur général de l’Agence nationale de soutien et de développement de l’entrepreneuriat (ANSDE), lors de son intervention ce mardi dans l’émission L’invité du matin sur la radio nationale Chaîne 1.
Ce vaste effort de financement public, qualifié de «?soutien massif?» par le responsable, s’inscrit dans une stratégie de relance du tissu entrepreneurial algérien et de promotion du rôle des petites structures productives dans l’économie nationale.
2 900 nouveaux projets en 2025, 29 000 jeunes formés
Durant les cinq premiers mois de l’année 2025, l’agence a financé 2 900 nouveaux projets, dont 500 extensions d’activité, tout en assurant la formation de plus de 29 000 jeunes à travers les universités et les centres de formation professionnelle répartis sur l’ensemble du territoire.
Achacha a souligné l’importance du capital humain et du transfert de compétences comme leviers durables pour faire émerger un écosystème entrepreneurial robuste et pérenne.
Une agence digitalisée, propulsée par l’intelligence artificielle
Dans une volonté affirmée de modernisation, l’ANSDE mise désormais sur la numérisation intégrale de ses services. Une plateforme digitale a été mise en place pour permettre aux porteurs de projets d’ouvrir un compte personnel, accéder à tous les services à distance, et bénéficier d’un accompagnement sans déplacements physiques.
L’agence utilise également l’intelligence artificielle pour offrir des conseils instantanés, répondre aux préoccupations techniques et guider les jeunes entrepreneurs dans leurs démarches.
Réformes en vue et accès facilité aux marchés publics
À l’occasion de la Journée internationale des micro-entreprises, célébrée le 27 juin, le directeur général a insisté sur la nécessité de réformes réglementaires concrètes. Il a dénoncé la lenteur des procédures de création d’entreprises, qui peuvent atteindre «?six à sept mois?», un délai jugé inacceptable.
Un nouveau décret exécutif est actuellement en préparation pour corriger plusieurs dysfonctionnements, notamment l’accès aux zones d’activité dédiées aux micro-entreprises, l’activation réelle de la clause des 20 % de marchés publics réservés à ces structures, et la simplification des démarches d’obtention de financements et de licences.
Objectif : doubler le nombre de micro-entreprises
L’Algérie compte actuellement environ 1,3 million de micro-entreprises, soit 25 entreprises pour 1 000 habitants. L’objectif est de doubler ce ratio pour atteindre les standards internationaux, notamment celui de 45 pour 1 000 — une moyenne mondiale — et de 59 pour 1 000 dans l’Union européenne.
Pour y parvenir, l’État propose un environnement incitatif : taux d’intérêt à 0 %, remboursement jusqu’à 12 ans, et exonérations fiscales importantes.
Une nouvelle approche pour garantir la durabilité
Face au défi de la viabilité économique des projets lancés, l’agence a adopté une nouvelle approche terrain, fondée sur l’évaluation continue des risques, la formation post-création et l’accompagnement actif.
Un décret récent a restructuré l’agence en intégrant de nouveaux pôles spécialisés : évaluation de projets, gestion des risques, et planification stratégique. L’objectif est clair : faire en sorte que plus de 50 % des micro-entreprises créées puissent survivre au-delà de leurs cinq premières années, un seuil souvent critique.
En chiffres
- 415 000 micro-entreprises financées depuis 2020
- 2 000 milliards de dinars de soutien cumulé
- 2 900 projets financés entre janvier et mai 2025
- 29 000 jeunes formés en 5 mois
- 1,3 million de micro-entreprises actives en 2025
- Objectif : 45 entreprises pour 1 000 habitants
- Taux d’intérêt : 0 %, remboursement jusqu’à 12 ans
En somme, l’Algérie fait le pari de la micro-entreprise comme levier de croissance inclusive et de lutte contre le chômage. Reste à savoir si les réformes structurelles et l’accompagnement intelligent permettront à ces milliers de jeunes porteurs d’idées de transformer leur projet en réussite économique durable.
L.R.



