Alors que l’industrie automobile nationale entre dans une nouvelle phase de relance, la pièce de rechange émerge comme le véritable moteur caché de cette transformation. Un enjeu stratégique que les autorités ne prennent plus à la légère.
«?Le dernier Conseil des ministres a remis sur les rails l’industrie automobile, mais surtout la fabrication locale de pièces de rechange?», affirme Kamel Agsous, président des Bourses de Sous-traitance et de Partenariat. Selon lui, ce levier peut faire toute la différence : «?Sur 1 300 entreprises industrielles actives dans la sous-traitance, nous avons identifié environ 100 fabricants de pièces de rechange en Algérie.?»
Un chiffre modeste, mais stratégique, car il marque le socle sur lequel l’Algérie veut bâtir une filière automobile durable. L’objectif est clair : augmenter le taux d’intégration locale, condition indispensable pour sortir du simple assemblage et entrer dans la fabrication réelle.
Le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb, l’a martelé lors de sa rencontre avec le groupe Stellantis à Alger : la pièce locale doit remplacer l’importée, et pour cela, un réseau dense de sous-traitants algériens est indispensable.
La sous-traitance en ligne de mire
Kamel Agsous est formel : «?Il faut créer de nouvelles entreprises, mais aussi mettre à niveau les existantes pour qu’elles répondent aux standards mondiaux des constructeurs.?» Une montée en qualité nécessaire pour intégrer pleinement les chaînes de production internationales.
La pièce de rechange pourrait bien être le point de bascule vers une industrie performante. Elle permet de créer des emplois, de générer de la valeur ajoutée locale et surtout de renforcer l’autonomie industrielle d’un pays longtemps dépendant des importations.
Une nouvelle équation économique
L’ambition est aussi macroéconomique : en boostant la sous-traitance industrielle, l’Algérie espère faire passer la part de l’industrie dans le PIB de 5 % à 12 %. Un bond qui ne peut s’opérer sans une base productive solide, notamment dans des segments comme la mécanique, la plasturgie, l’électronique embarquée et l’usinage.
Dans cette perspective, les 100 fabricants de pièces recensés aujourd’hui ne sont qu’un début. Le pari du gouvernement : structurer un écosystème national capable de soutenir l’industrie automobile, mais aussi de s’ouvrir aux marchés africains grâce à la qualité « made in Algeria ».
Une chaîne de valeur à construire localement
Le retour des grands constructeurs comme Stellantis, couplé à l’installation de nouveaux acteurs comme Fiat, Chery, ou encore JAC Motors, donne un élan concret à la construction d’une chaîne de valeur automobile 100 % algérienne. Mais cette ambition ne pourra se concrétiser sans une sous-traitance forte, qualifiée et connectée aux besoins du marché.
L’Algérie a l’opportunité, avec cette nouvelle phase industrielle, de passer d’une logique d’assemblage à une véritable logique de fabrication. Pour cela, la sous-traitance ne doit plus être un simple maillon secondaire, mais bien le socle de l’industrie nationale de demain.
S.B.



