Face aux dérives du marché automobile et à l’opacité des prix à l’importation, les autorités algériennes instaurent un nouveau cadre tarifaire obligatoire pour les véhicules neufs importés.
L’importation de véhicules neufs est désormais soumise à un référentiel officiel des prix. Instauré par le ministère des Finances, ce nouveau dispositif vise à encadrer les droits de douane appliqués sur les véhicules importés et à prévenir les déclarations sous-évaluées, fréquentes dans ce secteur.
Ce référentiel des prix — qui classe les véhicules selon la marque, le modèle, la cylindrée, l’année de fabrication et le pays d’origine — permettra à l’administration douanière de vérifier la véracité des déclarations d’importation et d’uniformiser l’évaluation des droits à payer.
Un outil pour contrôler, mais aussi rassurer
Jusqu’à présent, la taxe douanière était calculée en fonction de la facture présentée par l’importateur, souvent sujette à sous-évaluation. Désormais, les Douanes disposeront d’un tableau de valeurs de référence pour chaque type de véhicule. Ce mécanisme devrait réduire les fraudes à l’importation, mais aussi stabiliser les prix sur le marché national, où les écarts injustifiés sont fréquents.
L’Association algérienne de protection du consommateur et de son environnement (Apoce), qui a salué cette initiative, précise qu’il s’agit d’une mesure « d’équité tarifaire ». « Elle vise à garantir la transparence des transactions et la protection des droits des consommateurs », indique l’organisation sur sa page Facebook.
Un traitement différencié selon l’origine
Le système distingue les véhicules européens de ceux provenant d’Asie ou d’ailleurs.
- Pour les voitures fabriquées en Europe, le calcul des droits de douane s’appuiera sur le référentiel publié par le ministère des Finances.
- En revanche, les véhicules chinois seront taxés selon leur prix d’origine, autrement dit selon les prix pratiqués en Chine, et non ceux du marché algérien, souvent artificiellement gonflés.
À titre d’exemple : quelques prix de référence
Le tableau publié par l’Apoce donne un aperçu des nouvelles bases de calcul. Voici quelques exemples révélateurs :
- Volkswagen Jetta 1.4 essence (année 2025, hors Europe) : 8 800 USD
- Volkswagen Tiguan 2.0 essence (année 2025, fabriqué en Europe) : 46 480 EUR
- KIA : de 8 600 à 38 000 USD, selon les modèles
- Renault : entre 12 450 et 27 639 EUR
- FIAT : de 13 612 à 32 768 EUR
Au-delà de l’aspect fiscal, cette réforme vise à assainir un secteur longtemps marqué par les pratiques spéculatives, la surfacturation et l’opacité. Les autorités entendent ainsi réduire les marges abusives, rétablir une forme de justice économique et renforcer la confiance des consommateurs.
Pour les importateurs, cette mesure impose une rigueur nouvelle, mais pourrait aussi favoriser une concurrence plus saine en mettant tous les opérateurs sur un pied d’égalité face à l’administration douanière.
S.B.



