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mardi 16 décembre 2025

Rentrée universitaire 2025 : IA, anglais et 26 filières supprimées

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La rentrée universitaire 2025-2026 s’annonce comme un moment charnière dans la transformation de l’enseignement supérieur en Algérie. Qualifiée de «?rentrée intelligente, sécurisée et souveraine?» par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, elle marque l’aboutissement d’une stratégie nationale de modernisation fondée sur l’innovation, l’adéquation entre la formation et les exigences du marché du travail, et l’ancrage dans les enjeux du XXIe siècle.

L’un des aspects majeurs de cette réforme réside dans la réorientation massive des nouveaux bacheliers vers les filières scientifiques, technologiques et d’ingénierie. Soixante-cinq pour cent des étudiants seront désormais orientés vers ces disciplines, considérées comme des piliers de la future économie nationale. Cette volonté se traduit concrètement par la création de six cents nouveaux parcours universitaires, principalement axés sur les sciences, l’intelligence artificielle, l’ingénierie et les technologies émergentes. Parallèlement, vingt-six filières jugées obsolètes et peu porteuses en termes d’employabilité ont été supprimées. Cinquante nouvelles offres de formation ont également été accréditées, dont plus des deux tiers dans les domaines scientifiques et techniques, confirmant la volonté de renforcer les compétences nationales dans des secteurs stratégiques.

Autre nouveauté de taille, l’intelligence artificielle ne sera pas seulement un objet d’enseignement?: elle devient un levier central dans le processus d’orientation des nouveaux bacheliers. Pour la première fois, une plateforme numérique intelligente, accessible sur smartphone, analysera les résultats scolaires individuels à partir d’un corpus de plus de quarante millions de données. Elle proposera ainsi des filières compatibles avec les profils académiques des étudiants, tout en fournissant des informations précises sur les débouchés professionnels associés à chaque choix. Cette approche marque une avancée majeure vers une université prédictive, plus personnalisée et en phase avec les aspirations des étudiants.

Dans une logique d’ouverture à l’international, la place de l’anglais dans l’enseignement supérieur est significativement renforcée. Dès la prochaine rentrée, l’ensemble des cours de première année en sciences médicales sera dispensé en anglais. Une licence en anglais médical sera également proposée en parallèle. Plusieurs universités à travers le pays, telles que celles de Sétif 1, M’sila ou Alger 3, introduiront des parcours entièrement anglophones. Pour accompagner cette transition, des cours de mise à niveau linguistique seront proposés à distance dès l’été 2025, afin de permettre aux étudiants d’atteindre un niveau de maîtrise suffisant, compris entre B2 et C1.

Si la priorité est donnée aux filières techniques, les profils littéraires ne sont pas oubliés. Quatorze nouvelles spécialités, directement liées aux besoins de l’économie, ont été créées pour ces étudiants. Elles concernent notamment la gestion des informations de santé, l’administration aéroportuaire ou encore la gestion des frontières. Ces parcours ont été pensés pour offrir des débouchés professionnels concrets et rapides, en rupture avec l’image souvent abstraite des filières classiques de lettres ou de sciences humaines.

16/20 pour être éligible aux sciences médicales

Dans le même esprit, l’accès aux grandes écoles devient encore plus sélectif. Une moyenne de 16 sur 20 au baccalauréat est désormais exigée pour les études de médecine. Trois écoles d’excellence – l’École supérieure d’intelligence artificielle, l’École supérieure de cybersécurité et l’École nationale supérieure d’informatique – n’admettront que les candidats ayant obtenu au minimum 17 sur 20. Les écoles spécialisées en nanotechnologies, systèmes autonomes, technologies avancées ou mathématiques requièrent quant à elles une moyenne d’au moins 16 sur 20. Ces établissements d’élite, créés depuis 2020, participent à la stratégie nationale de rétention des meilleurs étudiants qui, jusque-là, partaient se former à l’étranger, faute de filières de haut niveau sur le territoire.

Pour faire face à l’augmentation du nombre d’étudiants et à l’élargissement de l’offre de formation, des efforts importants ont été engagés en matière d’infrastructures. Le ministère prévoit la mise à disposition de vingt-huit mille nouvelles places pédagogiques et de neuf mille cinq cents lits supplémentaires dans les résidences universitaires. Ainsi, à la rentrée, le système pourra accueillir près de 1,94 million d’étudiants, avec une capacité d’hébergement portée à plus de 737 000 lits répartis sur 491 cités universitaires.

Sur le plan pédagogique, les programmes sont profondément révisés pour intégrer les enjeux contemporains. Les nouvelles maquettes incluront des modules liés à l’intelligence artificielle, à la programmation, à l’ingénierie inversée, aux logiciels libres ou encore à l’entrepreneuriat. Deux disciplines supplémentaires, l’histoire de l’Algérie et l’éducation à la citoyenneté, feront désormais partie du tronc commun dans les écoles nationales supérieures, conformément aux directives présidentielles.

Par ailleurs, pour répondre à la pénurie d’enseignants et accompagner la réforme du système éducatif national, le réseau des Écoles normales supérieures connaîtra une expansion notable. Il passera à quarante-neuf centres de formation d’ici à 2030, avec la création de vingt-cinq annexes et vingt-quatre nouvelles unités universitaires. L’objectif fixé par le ministère est la formation de trente-deux mille enseignants à l’horizon 2030-2031.

Dans son ensemble, cette réforme ambitieuse repose sur quatre piliers essentiels : l’intelligence artificielle, l’innovation pédagogique, l’internationalisation des parcours, et l’insertion professionnelle. Elle traduit une volonté claire des autorités publiques de moderniser en profondeur l’université algérienne, afin de l’adapter à un monde en constante mutation où la maîtrise des savoirs scientifiques, technologiques et linguistiques est plus que jamais synonyme de souveraineté et de développement durable.

L.R.

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