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mardi 28 octobre 2025

Souveraineté économique : Réserve, rigueur, relance

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Face à un contexte économique mondial instable et à des pressions financières de plus en plus marquées sur les pays dépendants des importations, l’Algérie opère un tournant stratégique majeur dans sa politique commerciale. Sous l’impulsion du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le pays s’est engagé dans une démarche cohérente visant à encourager vigoureusement les exportations hors hydrocarbures, tout en instaurant un cadre strict de régulation des importations.

Ce rééquilibrage ambitieux répond à une logique claire : consolider l’économie nationale, préserver le matelas de réserves de change et éviter toute dépendance aux mécanismes d’endettement extérieur, en particulier les financements conditionnés par les institutions financières internationales telles que le FMI.

Une politique volontariste d’exportation : vers un « Made in Algeria » conquérant

La diversification économique figure désormais au cœur des priorités de l’État. Le gouvernement algérien vise 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures à l’horizon 2025, soit le double de la moyenne enregistrée depuis 2020.

Pour y parvenir, une série de mesures incitatives et structurantes a été déployée  à travers l’allègement des procédures administratives pour les exportateurs, le renforcement de la concertation avec les opérateurs économiques via des réunions régulières organisées par le ministère du Commerce extérieur et la Banque d’Algérie, la mise en valeur des excédents agricoles pour créer de nouveaux débouchés à l’international (œufs, pommes de terre, pastèques…), et l’ouverture encadrée de l’exportation vers des marchés de proximité comme la Tunisie, notamment pour les produits issus des régions à fort potentiel agricole telles qu’El Oued.

Ces mesures visent à mobiliser les capacités productives nationales pour conquérir les marchés extérieurs et asseoir une économie algérienne compétitive, capable de générer des recettes en devises en dehors du secteur énergétique.

Préserver les réserves de change : une priorité stratégique

Dans le même temps, l’État algérien a adopté une politique rigoureuse de contrôle des importations, afin de préserver les réserves de change, véritables remparts macroéconomiques du pays. Ces réserves, qui permettent de maintenir la stabilité monétaire et d’assurer l’indépendance économique, constituent une ligne de défense cruciale contre le risque d’endettement externe, notamment face aux mécanismes contraignants imposés par le Fonds monétaire international.

Pour protéger cette soupape stratégique, plusieurs instruments de régulation ont été mis en place , à savoir l’obligation de présentation d’un Programme Prévisionnel d’Importation (PPI) pour toute entreprise souhaitant importer des biens, désormais intégré dans le dossier de domiciliation bancaire, la validation obligatoire par le ministère du Commerce extérieur, garantissant l’adéquation des achats étrangers avec les besoins réels de l’économie, et la Suppression d’intermédiaires bureaucratiques inutiles, comme la validation sectorielle, pour fluidifier le processus sans en compromettre la rigueur.

Un encadrement renforcé : transparence, traçabilité et lutte contre la fraude

Conscient des dérives ayant entaché le commerce extérieur dans le passé – notamment la revente sur le marché parallèle de matières premières importées à prix bonifié – le gouvernement algérien a lancé un plan d’assainissement profond des circuits d’importation :

Les entreprises ayant réalisé des opérations d’importation en 2024 ou au premier semestre 2025 doivent fournir un ensemble de documents justificatifs, dont la liste des clients (état 104) et les capacités de production,

  • Le cachet de l’entreprise suffit désormais à légaliser certains documents, mettant fin à l’ambiguïté sur les responsabilités de certaines professions réglementées,
  • Le ministère du Commerce extérieur a prolongé les délais de dépôt jusqu’au 15 août 2025, répondant ainsi aux demandes pressantes des opérateurs tout en maintenant le cap sur la transparence.

Une économie productive au service de la souveraineté

Ce repositionnement stratégique illustre une volonté politique claire : sortir de la dépendance à la rente pétrolière et bâtir une économie productive et souveraine. L’accent mis sur le « Made in Algeria », conjugué à une ouverture maîtrisée vers les marchés extérieurs, traduit la nouvelle doctrine économique de l’Algérie : produire localement, exporter l’excédent, importer l’essentiel – et rien de plus.

Dans cette perspective, chaque mesure prise n’est pas isolée, mais s’inscrit dans une vision globale visant à réduire la facture d’importation, stimuler les filières industrielles et agricoles locales, et de renforcer la résilience économique nationale.

Loin d’un repli économique, la stratégie actuelle de l’Algérie s’apparente à une reconstruction maîtrisée du socle économique national, articulée autour de deux axes majeurs : l’encouragement à l’exportation et la régulation intelligente des importations.

Cette approche vise à préserver la souveraineté économique du pays, tout en ouvrant la voie à une croissance endogène, libérée de la tutelle extérieure. À l’heure où de nombreux pays sont poussés vers l’endettement, l’Algérie affirme son choix : celui de la maîtrise, de la production nationale, et de l’indépendance économique durable.

L.R.

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