C’est un virage décisif qui s’opère dans les choix d’orientation des nouveaux bacheliers algériens : les filières scientifiques et technologiques attirent désormais une majorité écrasante des étudiants. Lors d’une conférence de presse tenue mardi 5 août au siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le ministre Kamel Baddari a révélé que plus de 65,30 % des nouveaux inscrits ont opté pour ces spécialités, plaçant les disciplines scientifiques au cœur des ambitions universitaires et économiques du pays.
Un chiffre en forte progression qui, selon le ministre, traduit une prise de conscience croissante de l’importance de la technologie, de la recherche appliquée et de l’innovation dans le développement de l’économie nationale. Ce choix massif s’inscrit dans une dynamique globale de transformation du système universitaire, de plus en plus aligné avec les besoins du marché du travail et les grandes transitions mondiales.
Vers une université connectée à l’économie réelle
L’engouement pour les sciences ne se limite pas à un phénomène académique : il est encouragé par une volonté politique claire de faire de l’université un levier de croissance économique. En témoigne l’annonce de plus de 40.000 postes garantis à la sortie pour les étudiants, principalement dans les secteurs de la Santé et de l’Éducation nationale. Ce lien direct entre formation et emploi permet d’attirer les jeunes vers des domaines à forte employabilité, tout en répondant à des besoins structurels du pays.
Par ailleurs, le ministère a indiqué que les étudiants les mieux classés, notamment ceux ayant obtenu les mentions « Excellent » et « Très bien », ont en majorité choisi d’intégrer les grandes écoles de Sidi Abdellah et les facultés de médecine, renforçant encore davantage la place des disciplines scientifiques dans les parcours d’élite.
Une orientation massive, une université en mutation
Sur les 331.827 bacheliers orientés pour la rentrée 2025, soit 97,34 % des inscrits, 70,30 % ont obtenu l’un de leurs trois premiers choix. Ce taux élevé de satisfaction traduit, selon Kamel Baddari, les efforts de numérisation et de transparence dans le processus d’orientation, qui vise à garantir à chaque étudiant une place universitaire correspondant à ses aspirations.
Pour les 2,66 % restants, une seconde phase d’orientation est ouverte jusqu’au 8 août, leur permettant de reformuler leurs choix parmi les spécialités restantes.
Cap sur l’université du futur
La rentrée universitaire 2025-2026 marquera également une rupture technologique, avec une université décrite par le ministre comme « intelligente et cyber-sécurisée ». Tous les paiements liés à la rentrée — inscriptions, hébergement, restauration, transport — se feront par voie électronique, dans le cadre d’une stratégie de modernisation axée sur l’équité, la simplification administrative et la dignité de l’étudiant.
Ce virage s’accompagne d’une refonte de l’offre pédagogique. Cinquante nouvelles formations seront lancées à la rentrée, dont 14 dédiées aux bacheliers issus de la filière lettres, afin d’élargir leurs perspectives professionnelles dans des secteurs économiques émergents. Le ministère entend ainsi favoriser une insertion efficace, quel que soit le parcours initial de l’étudiant.
Des formations tournées vers l’innovation
Parmi les nouveautés, figurent plusieurs spécialités alignées sur les enjeux technologiques et industriels de demain. De nouvelles Licences seront proposées, notamment en anglais médical, et des Masters ouvriront dans des domaines à forte valeur ajoutée tels que la technologie des drones. Côté Doctorat, les thématiques sont résolument tournées vers l’avenir : conception de puces électroniques, informatique quantique, agriculture de développement ou encore élevage intelligent.
L’ouverture d’une université des sciences de la santé vient compléter ce dispositif, renforçant encore la capacité du système universitaire à former des profils spécialisés et directement opérationnels.
Bref, l’université algérienne aborde la rentrée 2025 avec des priorités clairement affirmées : aligner la formation sur les besoins de l’économie, encourager les sciences et les technologies, garantir l’employabilité, et moderniser les structures et les outils. Le virage opéré dans les choix des étudiants vers les disciplines scientifiques n’est pas seulement une tendance : c’est le signe d’un réalignement profond entre aspirations individuelles et stratégies nationales.
L.R.