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lundi 6 octobre 2025

Le ratio une pharmacie/ 5000 habitants va-t-il sauter ?

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Le Syndicat national des pharmaciens d’officine tire la sonnette d’alarme sur la situation critique du secteur, s’inquiète d’une éventuelle révision du numerus clausus et appelle à une réunion urgente avec le ministre de la Santé.

Alors que les pharmacies algériennes font face à une crise silencieuse mais profonde, le Syndicat national des pharmaciens d’officine (SNAPO) monte au créneau. À la suite d’une rencontre jugée « constructive » avec le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri, le syndicat appelle désormais à l’ouverture urgente d’un dialogue avec le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, pour aborder les dossiers structurels du secteur.

Le président du SNAPO, Sami Tirache, a annoncé, dans un communiqué diffusé hier, la tenue d’une réunion nationale du bureau du syndicat le samedi 16 août à Alger. Objectif : évaluer la situation alarmante des officines et décider des actions à entreprendre.
« La réalité sur le terrain est devenue insoutenable, tant sur le plan social que professionnel », a-t-il déclaré.

Un numerus clausus dans le viseur, le SNAPO sur le qui-vive

Parmi les inquiétudes majeures du SNAPO figure un éventuel assouplissement du numerus clausus, cette règle qui limite le nombre de pharmacies sur le territoire selon un ratio démographique (1 officine pour 5 000 habitants). Un seuil déjà rarement respecté, selon Tirache :

Des officines au bord de la rupture

Derrière cette bataille autour du numerus clausus, c’est tout un modèle économique qui vacille.
Le président du SNAPO l’assure : près de 80 % des pharmacies seraient aujourd’hui en difficulté, victimes d’une rentabilité en chute libre.

Plusieurs facteurs contribuent à cette dégradation :

  • Réduction des prix des médicaments, impactant directement les marges
  • Hausse des charges d’exploitation, notamment salariales et logistiques
  • Concurrence anarchique entre officines, liée à une densité excessive dans certaines zones
  • Absence de soutien institutionnel face à l’évolution du secteur

« L’image du pharmacien prospère est dépassée. Ce cliché ne correspond plus à la réalité : nos collègues sont nombreux à devoir endosser des dettes pour maintenir leurs officines à flot », insiste Tirache.

Un dialogue rompu avec la tutelle sanitaire

Si la réunion avec le ministre de l’Industrie pharmaceutique a permis d’amorcer une discussion sur des aspects techniques, le SNAPO réclame désormais une rencontre politique avec le ministère de la Santé.
Le syndicat souhaite aborder des sujets cruciaux laissés sans réponse depuis plusieurs années :

  • Statut du pharmacien assistant
  • Régime des gardes de nuit
  • Rémunération professionnelle
  • Mise à jour du code de déontologie
  • Et surtout : avenir du numerus clausus

Le SNAPO dénonce l’absence de concertation systématique avec les professionnels du terrain et exige d’être associé à toute révision réglementaire.

« Le changement ne peut se faire sans les premiers concernés. Le silence institutionnel est devenu une source de défiance », alerte Tirache.

Un « couloir vert » pour l’industrie pharmaceutique, mais des officines oubliées?

Le seul point de satisfaction exprimé par le syndicat reste l’engagement du ministère de l’Industrie pharmaceutique à préserver la fluidité de l’approvisionnement en matières premières.
Grâce à un « couloir vert », les procédures d’importation seraient désormais traitées en 24 à 48 heures, évitant ainsi les ruptures de stocks et assurant une continuité dans la production locale.

Autre avancée saluée : la relance de l’Observatoire de veille sur la disponibilité du médicament, désormais en passe de devenir un organisme national, dont la première réunion est attendue en septembre.

Cependant, le SNAPO souligne que ces efforts doivent aussi s’accompagner de mesures concrètes en faveur du réseau officinal, souvent relégué au second plan dans les priorités politiques.

Un secteur à rééquilibrer de toute urgence

Pour le SNAPO, il est désormais impératif de réconcilier l’État avec sa base professionnelle pharmaceutique, à travers un dialogue structuré, des décisions concertées et une stratégie de soutien durable.

« Ce n’est pas simplement une revendication syndicale. C’est une alerte : sans réforme équilibrée, les officines ne pourront plus remplir leur rôle de relais de santé publique. »

Le SNAPO pose la question : quel avenir pour les 12 000 pharmacies d’Algérie si la régulation ne suit plus ?
Alors que le pays investit dans le développement de l’industrie pharmaceutique, le syndicat rappelle qu’aucun système de santé performant ne peut se passer d’un réseau de pharmacies solide, éthique et économiquement viable.

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