La lutte contre la spéculation sur le marché algérien s’est intensifiée avec les premières arrestations dans l’affaire des pneumatiques, un produit devenu rare et cher ces derniers mois. Trois suspects ont été interpellés à Tiaret et à Oum El Bouaghi, dans les Hauts-Plateaux, lors d’opérations menées par la police judiciaire.
Des stocks entiers saisis
À Tiaret, les forces de l’ordre ont mis la main, le 31 août, sur 525 pneus stockés illégalement dans des hangars non déclarés, en violation de la réglementation en vigueur. Deux suspects ont été arrêtés et présentés devant le parquet en comparution immédiate. Poursuivis pour spéculation illégale, ils ont été placés sous mandat de dépôt, leur procès étant fixé au 9 septembre.
À Oum El Bouaghi, une opération similaire a permis la saisie de 304 pneus. Le commerçant, âgé de 49 ans, a été arrêté et présenté à la justice pour les mêmes chefs d’inculpation. Lui aussi a été placé en détention provisoire dans l’attente de son procès.
Au total, 829 pneus ont été saisis dans ces deux affaires, illustrant l’ampleur de la spéculation qui mine le marché algérien des pièces détachées automobiles.
Un marché sous tension chronique
La problématique dépasse ces affaires locales : depuis plusieurs années, le marché algérien des pneus et des pièces de rechange est caractérisé par des pénuries récurrentes, des flambées de prix et une forte dépendance aux importations. La fermeture de plusieurs unités d’assemblage automobile, conjuguée aux restrictions imposées aux importations, a aggravé la situation.
Cette tension persistante ouvre la voie aux pratiques spéculatives : stockage illégal, ventes au noir et marges exorbitantes. Pour les automobilistes, cela se traduit par des prix inabordables et une qualité souvent douteuse, certains spéculateurs introduisant même des pneus usagés ou non conformes sur le marché.
L’État veut reprendre la main
Face à ce constat, les autorités ont fait de la régulation du secteur une priorité. Le ministère du Commerce et celui de l’Industrie multiplient les contrôles pour démanteler les circuits illégaux et stabiliser l’offre.
Parallèlement, le gouvernement encourage la relance de la production nationale. L’usine Iris Tyres, implantée à Sétif, est aujourd’hui le fleuron de l’industrie algérienne du pneumatique. Ses produits, conformes aux standards internationaux, sont déjà commercialisés en Algérie et exportés vers plusieurs pays. Les pouvoirs publics misent sur son extension et sur l’émergence d’autres projets industriels pour réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger.
Cependant, la production locale reste insuffisante pour couvrir l’ensemble de la demande nationale. En attendant que la capacité nationale atteigne un seuil critique, l’État a décidé de recourir de nouveau aux importations, afin de combler le déficit et freiner la flambée des prix.
Un secteur sensible à réorganiser
Au-delà des pneus, c’est toute la filière des pièces détachées automobiles qui est concernée. La dépendance aux importations, la présence de produits contrefaits, et les pratiques spéculatives ont transformé ce secteur en un terrain sensible, touchant directement des millions de conducteurs.
Le gouvernement affiche désormais sa volonté de réguler en profondeur ce marché, en combinant contrôles rigoureux, relance industrielle et importations ciblées. Mais la réussite de cette stratégie dépendra de la capacité à éradiquer durablement la spéculation, tout en stimulant une production locale compétitive.
L.R.



