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mardi 28 octobre 2025

Hausse des taxes sur le tabac : Santé et budget gagnants

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Le gouvernement algérien a inscrit dans le Projet de loi de finances (PLF) pour 2026 une nouvelle série de mesures fiscales visant à alourdir la facture du tabac pour le consommateur. Objectif affiché : augmenter les recettes publiques tout en décourageant la consommation de produits tabagiques, conformément aux préconisations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dès janvier 2026, les fumeurs devront s’attendre à une hausse sensible du prix des cigarettes et d’autres produits du tabac.

Une augmentation ciblée des taxes : comment ça marche ?

Le PLF 2026 réforme la Taxe intérieure de consommation (TIC) sur les produits du tabac en combinant une part fixe (par kilogramme) et une part proportionnelle (en pourcentage de la valeur). Pour les cigarettes et le tabac à narguilé, la part fixe passe à 2 250 dinars/kg, accompagnée d’un taux proportionnel unifié de 15 %. Pour les tabacs à fumer et les tabacs à priser, la part fixe est fixée à 781 dinars/kg, avec le même taux proportionnel de 15 %.

Le PLF propose en outre d’unifier la tarification entre le tabac blond et le tabac brun — cette dernière catégorie étant peu consommée — afin d’éviter des pratiques de déclassement à des fins d’évasion fiscale. Le texte prévoit aussi d’assujettir le tabac à narguilé au tarif applicable aux cigarettes, en jugeant son caractère « raffiné » et son prix élevé, et d’aligner la tarification des tabacs vendus en bourses sur celle des tabacs à priser et à mâcher. L’objectif déclaré est de simplifier l’assiette taxable, de réduire la fraude et d’augmenter les recettes liées à la commercialisation des différentes formes de tabac.

+10 dinars par paquet : une mesure symbolique mais rentable

Parallèlement à la TIC, la taxe additionnelle par paquet est portée de 65 à 75 dinars, soit une hausse de 10 dinars. Le gouvernement précise que cette augmentation doit contribuer à renforcer la pression fiscale sur ces produits et à financer des dispositifs de santé publique. Sur la base des 1,4 milliard de paquets vendus en Algérie en 2024, l’augmentation de 10 dinars se traduit par une recette additionnelle estimée à 14 milliards de dinars, ou 16,6 milliards en intégrant la TVA.

Selon le PLF, une partie de ces recettes est affectée à des fonds dédiés à la santé : le texte indique que 19 dinars seront affectés au Fonds pour les urgences et les activités de soins médicaux et 26 dinars au Fonds de lutte contre le cancer. Il est également précisé que, parmi la hausse de 10 dinars, 5 dinars seront reversés à chacun des deux fonds, afin de soutenir la prévention et la prise en charge.

Cigares et cigarettes électroniques : l’exemption partielle

Le projet de loi n’affecte pas certaines catégories : cigares, cigarettes électroniques, leurs recharges et appareils similaires, ainsi que allumettes et briquets, demeurent hors des modifications prévues. Le maintien de ces exonérations suscitera probablement des débats — en particulier autour des cigarettes électroniques, présentées par certains comme un outil de réduction des risques, mais dont la réglementation et l’impact sanitaire restent discutés.

Enjeux sanitaires, économiques et sociaux

La hausse s’inscrit dans une logique de politique sanitaire — se rapprocher de l’objectif OMS d’un taux d’imposition de 70 % sur le tabac — tout en permettant au Trésor de dégager des marges budgétaires. Les 10 dinars supplémentaires par paquet, bien qu’ayant un montant unitaire limité, pourraient néanmoins peser significativement sur les finances publiques au regard des volumes de vente.

Côté consommation, l’augmentation des prix est classiquement vue comme un levier efficace pour réduire le tabagisme, surtout chez les jeunes et les ménages modestes. Mais elle soulève aussi des risques : repli vers le marché informel, contrebande, et recours à des formes de tabac moins taxées si l’harmonisation tarifaire n’est pas parfaitement appliquée. Les autorités invoquent justement l’uniformisation des catégories pour prévenir ces détournements.

Pour les distributeurs et les petits commerces, la hausse fiscale peut entraîner une compression des marges et une réorganisation des ventes ; pour l’industrie du tabac, elle représente un impératif d’adaptation — entre stratégies de prix, reformulation des paquets ou recours à des offres promotionnelles encadrées.

Quelle portée pour la lutte antitabac ?

Le PLF 2026 combine instruments fiscaux et affectation ciblée de recettes vers la santé, ce qui renforce la cohérence d’une stratégie de lutte antitabac : imposition dissuasive, revenus dédiés à la prévention et à la prise en charge du cancer et des urgences liées au tabac. Reste à mesurer l’efficacité réelle : la trajectoire du prix, l’application stricte des nouvelles règles et la capacité des contrôles douaniers et fiscaux à enrayer la fraude seront déterminantes.

Calendrier et suites attendues

Les modifications prévues entreront en vigueur au 1er janvier 2026, si le PLF est adopté en l’état. Les prochaines étapes comprennent l’examen parlementaire du projet, la publication du décret d’application précisant les modalités techniques, puis la mise en œuvre par les services fiscaux et de contrôle. Observateurs et professionnels du secteur suivront de près la parution des textes d’application et des circulaires permettant d’évaluer les effets concrets sur les prix et les volumes de vente.

L.R.

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