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vendredi 5 décembre 2025

69 wilayas, la décentralisation s’accélère

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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a validé ce dimanche une réforme territoriale majeure : l’élévation de onze circonscriptions administratives — situées dans les Hauts?Plateaux et le Sud — au statut de wilayas à part entière. Cette décision, actée lors d’un Conseil des ministres, porte le nombre de wilayas algériennes à 69, contre 58 jusqu’alors, et s’inscrit dans une ambition affichée de renforcer la gouvernance locale et de rapprocher l’administration des citoyens.

Selon un communiqué officiel, les onze circonscriptions promues sont : Aflou, Barika, Ksar Chellala, Messaad, Aïn Oussera, Boussaada, El Abiadh Sidi Cheikh, El Kantara, Bir El Ater, Ksar El Boukhari et El Aricha. Ces localités étaient jusqu’à présent des wilayas déléguées ou des daïras rattachées à de grandes wilayas, mais leur promotion reflète un effort de rééquilibrage territorial.

La réforme vise à réduire les disparités entre les régions, particulièrement dans les zones reculées des Hauts?Plateaux ou du Sud, en renforçant leur capacité administrative et en allégeant la charge des wilayas “mères”. Elle s’inscrit dans la vision du Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) 2030, qui ambitionne de structurer l’urbanisation, de développer des pôles économiques et d’améliorer l’inclusion des territoires isolés.

Selon le ministère de l’Intérieur, cette réforme sera accompagnée dès 2025 par l’ouverture de 830 nouveaux postes budgétaires, destinés aux corps administratifs et techniques (architectes, ingénieurs en urbanisme, services communs) dans les sept circonscriptions des Hauts?Plateaux concernées : Aflou, Barika, Ksar Chellala, Messaad, Aïn Oussera, Boussaâda et El Abiadh Sidi Cheikh. Ce renfort des ressources humaines vise à consolider les services publics locaux et à assurer la continuité des missions administratives dans ces nouveaux territoires.

Un enjeu de décentralisation politique

La montée en statut de ces circonscriptions s’inscrit dans une volonté plus large de décentralisation. Le président Tebboune avait déjà ordonné la création de wilayas déléguées dans le Sud et les Hauts-Plateaux, “pour généraliser le développement local, créer des espaces économiques et alléger le fardeau qui pèse sur le citoyen”.

Lors du Conseil des ministres, les autorités ont également donné mandat d’achever les procédures législatives auprès des deux chambres du Parlement afin de rendre effectif le nouveau découpage. Cette démarche s’appuie sur l’idée que des entités administratives plus proches des citoyens permettront une meilleure gouvernance et un développement plus équilibré.

Vers un paysage administratif encore plus vaste

Mais cette réforme des 11 nouvelles wilayas pourrait ne pas être la dernière : le ministre de l’Intérieur, Saïd Sayoud, a évoqué l’objectif d’atteindre une centaine de wilayas à terme, en poursuivant le découpage territorial vers d’autres régions. Selon lui, certaines wilayas actuelles sont “trop vastes” pour être gérées efficacement, avec parfois plus de 60 communes, et leur division permettrait une administration plus efficiente.

Cette perspective s’inscrit dans une logique de modernisation à long terme : rapprocher l’État des citoyens, améliorer la distribution des services publics, et augmenter l’impact du développement économique local.

Quelques profils des futures wilayas

  • Aflou (actuelle circonscription dans la wilaya de Laghouat) : zone des Hauts-Plateaux réputée pour ses vastes étendues et son climat semi-aride.
  • Barika, dans la wilaya de Batna : un centre local d’importance, avec des possibilités économiques autour de l’agriculture et du pastoralisme.
  • Messaad et Aïn Oussera, jusqu’ici rattachées à Djelfa, se voient désormais dotées de plus d’autonomie administrative, ce qui pourrait stimuler des investissements dans l’infrastructure et le logement.

D’autres, comme Bir El Ater (Tébessa) ou Ksar El Boukhari, ont été en débat dans des découpages antérieurs, mais leur élévation à un statut de wilaya répond aujourd’hui à une demande croissante de reconnaissance institutionnelle.

Enjeux financiers et logistiques

Cette montée en charge territoriale représente évidemment un coût substantiel pour l’État : création d’administrations locales, recrutement de personnels, infrastructures et services publics. L’ouverture des 830 nouveaux postes pour 2025 n’est qu’un premier pas vers la mise en place d’un appareil administratif crédible.

Mais les autorités estiment que cet investissement est justifié par les bénéfices potentiels : en rapprochant les décisions des citoyens, en développant des pôles économiques régionaux et en améliorant la cohésion territoriale, l’Algérie pourrait générer davantage d’activités locales, réduire les inégalités et stimuler la croissance.

Certains experts saluent cette réforme comme une dynamique vertueuse pour l’Algérie : elle permet de déconcentrer l’administration, de donner plus de pouvoir aux territoires et d’engager un développement plus équilibré. D’autres, en revanche, appellent à la prudence : la création d’autant d’entités administratives sans vision claire ou stratégie de long terme pourrait alourdir les dépenses publiques, surtout si les nouvelles wilayas ne sont pas dotées de ressources stables et planifiées.

Néanmoins, le cap est fixé : l’Algérie semble déterminée à redessiner sa carte administrative en profondeur, pour rapprocher l’État des citoyens et créer des opportunités de développement local là où elles sont les plus nécessaires.

L.R.

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