L’Algérie franchit une nouvelle étape dans la gestion de ses ressources hydriques avec 601 millions de mètres cubes d’eaux usées traitées chaque année à travers ses installations d’épuration réparties sur le territoire national. Ces données ont été présentées par le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, mercredi, lors d’une séance d’audition devant la Commission Habitat, équipement, hydraulique et aménagement du territoire de l’Assemblée populaire nationale (APN), en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Nadjiba Djilali.
L’Algérie dispose actuellement de 234 systèmes d’épuration, dont la capacité théorique cumulée atteint 1,1 milliard de mètres cubes par an. Sur ce total, 601 millions de mètres cubes sont effectivement traités, soit un peu plus de la moitié de la capacité disponible. Parmi ces eaux épurées, 19 % sont déjà réutilisées dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie, un chiffre en progression constante. Selon le ministre, cette tendance reflète la volonté de valoriser les eaux non conventionnelles pour soutenir le développement économique et l’efficacité des ressources hydriques.
Un programme national de réutilisation en plein déploiement
Le gouvernement a lancé un programme national ambitieux pour la réutilisation des eaux usées, combinant la construction de nouvelles stations d’épuration, la réhabilitation des infrastructures existantes et leur modernisation via le traitement tertiaire. Ce procédé permet de traiter les eaux à un niveau élevé, garantissant leur réutilisation sans restriction pour toutes les cultures agricoles, tout en contribuant à dégager davantage d’eau potable pour la population.
Selon Derbal, ces mesures visent également à accompagner la dynamique économique nationale, en sécurisant l’approvisionnement en eau pour les industries et l’agriculture, tout en préservant les ressources conventionnelles.
En parallèle, les eaux souterraines constituent un pilier de l’approvisionnement national, avec près de 280 000 forages destinés à l’eau potable, l’agriculture et l’industrie. Cependant, le ministre met en garde contre une exploitation excessive, qui pourrait compromettre la durabilité de cette ressource précieuse. La valorisation des ressources non conventionnelles, comme l’épuration des eaux usées et le dessalement de l’eau de mer, apparaît ainsi comme une priorité stratégique.
Le secteur du dessalement de l’eau de mer en Algérie connaît une progression rapide. La part de l’eau dessalée destinée à la consommation a atteint 33 % en 2025, contre seulement 20 % en 2024. Le ministère prévoit que ce chiffre atteindra 42 % dans les prochains mois, et ambitionne de porter cette proportion à 60 % d’ici 2030, grâce à la mise en œuvre des projets programmés. Cette stratégie s’inscrit dans une politique nationale globale de sécurité hydrique, répondant aux besoins croissants de la population et des activités économiques.
L’ensemble de ces initiatives illustre la volonté de l’Algérie de moderniser son système de gestion de l’eau, en combinant technologies avancées, valorisation des ressources non conventionnelles et réutilisation intelligente des eaux usées. Pour le ministre Derbal, l’objectif est clair : garantir l’approvisionnement en eau potable, soutenir l’agriculture et l’industrie, et inscrire le pays dans une trajectoire de durabilité et d’efficacité hydrique à long terme.
L.R.



