Le 12? séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, consacré au Processus d’Oran, s’est clôturé mardi à Alger sur un appel fort à une unité stratégique continentale, dans un contexte jugé critique par les participants.
Transformer les engagements en actes
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, aux côtés du président du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS) pour décembre 2025, Kacou Houadja Léon Adom, a insisté sur la nécessité de convertir les engagements politiques en actions coordonnées.
Attaf a salué une participation qualifiée de « remarquable », marquée pour la première fois par la présence de pays nouvellement élus au Conseil de sécurité, tels que le Bahreïn et la Colombie.
Pour lui, le nombre et le niveau des délégations témoignent de l’envergure croissante du Processus d’Oran, désormais « référence majeure de la diplomatie africaine ».
L’objectif : unifier la voix de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU et renforcer son poids sur la scène multilatérale.
Trois menaces majeures au cœur des débats
Attaf a dressé un tableau sans ambiguïté des défis actuels, articulé autour d’une “triade de menaces” : la multiplication des changements anticonstitutionnels, banalisés au point d’avoir conduit l’Union africaine à suspendre deux États membres en seulement 42 jours ; le terrorisme, qualifié de principale menace dans le Sahel, où des groupes armés contrôlent des territoires entiers ; et les ingérences étrangères, qui influencent nombre de crises africaines au détriment de la souveraineté.
Face à ces dérives, il a plaidé pour un retour au principe des “solutions africaines aux problèmes africains”, désormais présenté comme un choix stratégique essentiel, afin de protéger le continent des rivalités internationales.
Renforcer le rôle du CPS et du groupe A3+
Le chef de la diplomatie algérienne a souligné l’importance d’une complémentarité accrue entre le Conseil de paix et de sécurité et le groupe A3+ (les membres africains du Conseil de sécurité).
Selon lui, l’unité au sein du CPS nourrit l’unité du groupe A3+, et c’est cette convergence qui donne à la voix africaine force, constance et crédibilité.
Attaf a salué la coopération exemplaire de la Somalie, la Sierra Leone, le Mozambique ainsi que du Guyana, qui a contribué à amplifier le message africain.
Citée pour conclure, la phrase de Julius Nyerere résume l’esprit du séminaire :
« L’unité ne fera peut-être pas de nous des peuples riches, mais elle rendra plus difficile à quiconque de nous ignorer. »
Apparition de nouvelles menaces : l’avertissement du CPS
Pour sa part, le ministre ivoirien Kacou Houadja Léon Adom a insisté sur la qualité exceptionnelle des échanges et sur le rôle structurant du Processus d’Oran.
Il a dressé un panorama actualisé des risques, à savoir terrorisme, rébellions armées, changements anticonstitutionnels, crise humanitaire, impacts du climat, ingérences étrangères, et de nouvelles menaces technologiques (IA, drones, robotisation, modernisation des armements).
Ces innovations, selon lui, « complexifient les théâtres d’opérations » et appellent des réponses adaptées.
Le défi du financement : priorité à l’autonomie stratégique
Le président du CPS a souligné l’urgence d’un financement africain prévisible et indépendant des opérations de paix.
La dépendance aux partenaires extérieurs « réduit l’autonomie stratégique » et limite l’efficacité des interventions.
Il plaide pour des solutions endogènes, durables et réalistes, fondées sur la responsabilité collective.
Un consensus : tirer parti des mécanismes africains
Après deux jours de travaux, les participants ont convergé vers une conclusion centrale :
les instruments de l’Union africaine, combinés à l’action des communautés économiques régionales, constituent les outils les plus efficaces pour prévenir les crises et accompagner les processus de stabilisation.
Reste désormais à traduire ces orientations en initiatives concrètes, afin que le Processus d’Oran continue de se positionner comme un acteur majeur de la voix africaine dans les débats mondiaux sur la paix et la sécurité.
S.B.



